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Avec la "créolisation", Jean-Luc Mélenchon se lance sur un terrain "Glissant"

Pour un candidat à l’élection présidentielle, le choix des mots est essentiel. Tout au long de la campagne, France 24 vous explique les raisons ayant poussé un candidat à l’Élysée à prononcer un mot ou une expression. Cette semaine, le mot "créolisation". En réponse à l'"assimilation" d'Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon oppose ce concept venu des Outre-mer. Explications.   "L'assimilation, ça n'existe pas ! Ce qui existe, c'est la créolisation. Et on passe par des étapes : il y a d'abord l'intégration de ceux qui arrivent. Si elle est réussie, la créolisation va se faire plus vite", martelait Jean-Luc Mélenchon, lors d’un débat qui l’opposait à Éric Zemmour sur le plateau de BFMTV, le 23 septembre 2021. Jusque-là, le terme "créolisation" avait été peu convoqué par le leader de La France insoumise (LFI). Mais en ces débuts de campagne très portés sur le thème de l’immigration et des questions identitaires, il semble que le concept se révèle bien utile au candidat de LFI.   De son propre aveu, le patron des Insoumis indique que l’idée lui a été soufflée par le député européen Younous Omarjee. Cet élu d’origine réunionnaise considère en effet que le monde créole, duquel il est issu, est un exemple à faire valoir auprès de ceux qui défendent l’idée de l’assimilation.   Mais que signifie réellement le terme "créolisation" ? Pas facile à définir. "Je donne un cours de quarante heures sur la créolisation, donc ce n'est pas évident de la résumer en quelques minutes", relève Françoise Simasotchi-Bronès, professeure des universités en littératures francophones à l'université Paris-8, qui a codirigé le livre "Archipels Glissant", dans un article de Slate.  Au cours d’un meeting, Jean-Luc Mélenchon tente tout de même d’apporter un début de définition. "Quel que soit notre genre, quelle que soit notre couleur de peau ou notre religion, nous sommes appelés à nous aimer. Et alors, nous mettons en commun nos goûts et nos cultures. C'est cela, la créolisation. La créolisation est l'avenir de l'humanité", déclamait Jean-Luc Mélenchon le 5 décembre.  L’écrivain martiniquais Édouard Glissant, à qui revient la paternité du mot créé dans les années 1980, se montre plus précis. Le mot "créolisation" définit, selon l’auteur, "un mélange des cultures qui crée quelque chose de nouveau", d'inattendu et "qui n'appartient à aucune des cultures qui la compose".  Si Jean-Luc Mélenchon assure que la "créolisation" n’est ni un projet ni un programme, mais "un fait qui se constate", dans les colonnes de l’Obs, il fait tout de même de ce concept une arme politique destinée à pourfendre les théories de l’assimilation et du "grand remplacement" prônées par Éric Zemmour. Rien d'étonnant donc à voir le tribun d'extrême droite malmener son concept. "Quand Jean-Luc Mélenchon parle de créolisation de la société, en 2050, qu’est-ce qu’il dit ? Il prend un mot qui fait plaisir, on pense aux jolies Martiniquaises et au punch. Mais en vérité, ce n’est pas ça qui nous guette. Ce qui nous guette, ce sont les voiles et les kebabs halal (sic). C’est ça ! Ce n’est pas la créolisation, c’est l’islamisation", estime le candidat d'extrême droite.  Plus surprenant, il semble que même dans les rangs de la gauche, l’idée de créolisation ne séduise pas. Le candidat du Parti communiste Fabien Roussel tout comme Arnaud Montebourg, qui fut un temps lancé dans la campagne avant de jeter l'éponge, se sont montrés franchement hostiles au concept. "Je crois que Jean-Luc Mélenchon a un problème dans sa vision de la République et je ne me retrouve pas dans sa 'créolisation'", a fustigé le chantre du "made in France".  

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