Aux États-Unis, Colonial Pipeline amorce le redémarrage de son oléoduc piraté
Des Américains remplissent des bidons d'essence de crainte d'une pénurie après la cyberattaque contre l'oléoduc Colonial Pipeline, le 12 mai 2021 à Tampa, en Floride.
Alors que les stations-service sont prises d'assaut dans certains États américains par crainte d'une pénurie d'essence, le groupe Colonial Pipeline, victime d'une cyberattaque la semaine dernière, a repris les opérations de son oléoduc mercredi. Le retour à la normale devrait cependant prendre plusieurs jours.
Le groupe Colonial Pipeline a annoncé mercredi 12 mai avoir "amorcé" le redémarrage des opérations de son oléoduc, après avoir été la cible d'un piratage cinq jours plus tôt conduisant à sa fermeture et provoquant la ruée dans les stations-service d'automobilistes paniqués à l'idée d'une pénurie d'essence.
Il faudra cependant "plusieurs jours" avant un retour à la normale de ce réseau qui transporte 45 % de l'essence, du diesel et du kérosène américains depuis les raffineries du Golfe du Mexique vers la côte est américaine.
La situation est en passe d'être sous contrôle, avait assuré, plus tôt, le président américain Joe Biden alors que la panique continuait de se propager parmi les automobilistes à la recherche d'essence sur la côte est américaine.
Plusieurs États allant de la Floride à la Virginie ont déclaré l'état d'urgence, renforçant l'affolement des consommateurs qui se sont pressés dans les stations services, bidons à la main.
Évaluation de sécurité
Dans son communiqué, Colonial Pipeline prévient que certains marchés pourraient continuer de subir "des interruptions de service intermittentes pendant la période de redémarrage". Mais il assure que le groupe "déplacera autant d'essence, de diesel et de kérosène que possible en toute sécurité et continuera de le faire jusqu'à un retour à la normale". Il souligne que l'"objectif principal reste la sécurité".
Dans le cadre de ce processus de redémarrage, Colonial mènera ainsi une série "complète" d'évaluation de la sécurité des pipelines conformément aux exigences fédérales.
Pour atténuer les perturbations, les autorités américaines avaient autorisé dès dimanche soir les chauffeurs routiers transportant des produits raffinés à travailler plus longtemps.
Mais mercredi, en Floride, 73 % des stations de la région de Pensacola étaient à cours d'essence, selon Patrick De Haan, du site spécialisé dans le suivi des prix de l'essence GasBuddy. Dans tout l'État de Caroline du Nord, près d'une station d'essence sur trois est à sec, et 6 sur 10 à Atlanta, capitale de la Georgie. L'essence commençait à se faire rare aussi en Virginie et même à Washington DC où 10 % des stations en étaient dépourvues, selon la même source.
Face à l'affolement des automobilistes, l'agence de protection des consommateurs a lancé un avertissement : "ne remplissez pas des sacs plastiques avec de l'essence. Oui, cela peut paraître évident. Mais quand les gens sont désespérés, ils ne réfléchissent pas correctement", dans un tweet assorti d'une image d'explosion violente.
À la pompe, les prix grimpent
"Nous voilà cinq jours après la fermeture de l'oléoduc de Colonial Pipeline et avec les déclarations d'état d'urgence, la perception du public est que la pénurie est grave et qu'il faut aller faire le plein", a commenté Andy Lipow, président du cabinet de consultants de Lipow Oil Associates. "Il en résulte que la demande d'essence est deux à trois fois plus forte qu'à l'ordinaire, ce qui aggrave la situation", a ajouté l'analyste.
Le prix moyen du gallon d'essence (3,79 litres) à la pompe a dépassé les 3 dollars pour la première fois depuis novembre 2014, a indiqué l'association automobile AAA.
Colonial Pipeline avait été victime vendredi soir d'un piratage informatique qui l'a forcé à fermer son système. Selon la police fédérale américaine, cette cyberattaque qui a utilisé un rançongiciel, ou "ransomware", a été menée par le groupe criminel DarkSide.
Avec AFP