Attentat d'Arras : le suspect a prêté allégeance au groupe État islamique, selon le procureur
Le terroriste originaire du Caucase et fiché S âgé de 20 ans, qui est soupçonné d'avoir tué un enseignant à Arras, va être présenté, mardi, à un juge d'instruction antiterroriste. Lors d'une conférence de presse, le procureur d'Arras a confirmé que l'assaillant avait fait allégeance au groupe État islamique.
Le procureur français antiterroriste Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse, à Paris le 17 octobre 2023.
L'auteur de l'attaque au couteau qui a tué un enseignant à Arras doit être présenté, mardi 17 octobre, à un juge d'instruction antiterroriste, quatre jours après un acte revendiqué au nom de l'organisation État islamique qui a replongé la France dans l'effroi face aux attentats jihadistes.
Onze gardes à vue étaient en cours à la Sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (Sdat) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lundi matin, avant la levée de trois d'entre elles dans la journée, selon une source policière.
Le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard, tient à 14 h 00 une conférence de presse à Paris pour faire le point de l'enquête.
Parmi les gardés à vue et probables mis en examen figure l'assaillant, Mohammed Mogouchkov, 20 ans, fiché pour radicalisme. Il a revendiqué son geste au nom du groupe jihadiste État islamique dans une vidéo, a-t-on appris, mardi, de source proche du dossier.
Garde à vue
Vendredi vers 11 h 00, muni d'un couteau, il s'est rendu à son ancien établissement, la cité scolaire Gambetta-Carnot. Il a mortellement poignardé Dominique Bernard, professeur de français âgé de 57 ans, puis blessé trois autres personnes avant d'être interpellé par une patrouille de police.
Mohammed Mogouchkov était suivi par la DGSI "depuis la fin du mois de juillet", selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, par des écoutes et des mesures de surveillance physique.
Il avait été contrôlé jeudi, la veille des faits, sans "qu'aucune infraction ne puisse lui être reprochée", selon une source du renseignement. Il n'y a pas eu de "défaillance de nos services", a estimé, mardi, le président de la République, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse à Tirana.
Au cours de sa garde à vue, il "ne s'est pas expliqué", selon une source policière.
Cette attaque, commise trois ans après l'assassinat du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a de nouveau jeté l'effroi, en particulier chez les enseignants.
La France a été placée dans la foulée en situation d'"urgence attentat", le niveau le plus élevé du dispositif de vigilance et de protection Vigipirate.
D'autres pays redoutent des passages à l'acte terroristes, notamment en écho à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Deux Suédois ont été tués, lundi soir, en pleine rue à Bruxelles lors d'une attaque dont l'auteur présumé, un Tunisien radicalisé en séjour illégal en Belgique, a été mortellement blessé, mardi, par la police.
"Tous les États européens sont vulnérables" face au retour du "terrorisme islamiste", a relevé Emmanuel Macron.
Recueillement
À Arras dans la matinée, élèves, anciens élèves et habitants continuaient de se recueillir devant la cité scolaire Gambetta.
"Nous avons été choqués, traumatisés. Ce professeur s'est sacrifié pour sûrement sauver d'autres vies", a témoigné Constant Butel, élève en terminale dans un lycée voisin, après avoir déposé une fleur sur le parvis.
Les enseignants du collège-lycée se sont retrouvés à partir de 9 heures pour un temps d'échange, prévu lundi matin mais annulé en raison d'une brève alerte à la bombe.
Deux des frères de l'assaillant ont également été placés en garde à vue : son cadet, âgé de 17 ans, qui se trouvait à proximité d'un autre établissement scolaire d'Arras, mais sans arme, et son aîné, actuellement incarcéré.
Ce dernier a été condamné à cinq ans d'emprisonnement, en 2023, pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat aux abords du palais de l'Élysée. Il a ensuite été condamné pour apologie du terrorisme.
Mohammed Mogouchkov, né dans la République russe à majorité musulmane d'Ingouchie, est arrivé en France en 2008. Il faisait l'objet d'une surveillance des services de renseignement en raison de ses liens avec son frère aîné.
Le père de l'assaillant, fiché S et expulsé en 2018, "était tenant d'un islam radical", selon le ministre de l'Intérieur.
Parmi les gardes à vue levées lundi : celle de la sœur de l'assaillant, née en 2005.
Devant les enquêteurs, elle a raconté avoir "vu son frère Mohammed devenir de plus en plus dur dans sa pratique de l'islam" et l'a dépeint comme "violent", selon son avocat Mikaël Benillouche.
Rapidement après les faits, le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Le président Emmanuel Macron a promis, lundi, que l'école resterait un "rempart contre l'obscurantisme" et "un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent".
Il assistera jeudi aux obsèques de Dominique Bernard à la cathédrale d'Arras.
Avec AFP