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"Armée numérique" au PSG : des membres de l'agence de communication confirment avoir discrédité des personnalités pour le club

Des membres de la société Digital Big Brother (DBB), que franceinfo a joints, affirment qu'ils ont bien travaillé pour l'image du Paris Saint-Germain entre 2018 et 2020. Selon un salarié, l'ancien directeur de la communication du club tenait un rôle central.  Le PSG a-t-il mis en place une "armée numérique" pour discréditer ou influencer des personnalités autour du club sur les réseaux sociaux ? Le site en ligne Mediapart a révélé, mercredi 12 octobre l'existence d'une série de faux comptes Twitter, créés dans ce but, et orchestrés par le service communication du PSG via une agence de communication. Dans un communiqué, le club a démenti "fermement" ces accusations, affirmant qu'il n'a "jamais contracté avec une agence pour nuire à qui que ce soit". Mais certains membres de cette agence, contactés par franceinfo, affirment le contraire et contredisent cette version.  >> PSG : les faux comptes créés sur les réseaux sociaux vécus comme un tsunami émotionnel par l'entourage de Mbappé Cette agence, c'est la société Digital Big Brother (DBB), basée à Barcelone en Espagne, et propriété du controversé homme d'affaires et influenceur Lofti Bel Hadj. Les membres de DBB contactés par franceinfo confirment bien l'existence d'un contrat entre le club de la capitale et la société entre 2018 et 2020. Le contrat a fait l'objet de virements, et ce travail d'influence au cours de la saison 2018-2019 a fait l'objet d'un rapport d'activité que franceinfo a consulté.  Près de 1 000 comptes Twitter utilisés Cette saison est celle de l'arrivée au Paris Saint-Germain de l'entraîneur allemand Thomas Tuchel. Malgré une excellente première partie de saison, le club de la capitale avait été éliminé à la surprise générale par Manchester United en huitièmes de finale de la Ligue des Champions (0-2 ; 1-3). Après quoi, la fin de saison avait été chaotique, marquée par une première défaite dans les deux coupes nationales depuis 2015. "Cela s'est ressenti sur les réseaux sociaux", écrit DBB dans son rapport d'activité. "Les fans du PSG n'ont pas hésité à fustiger la gestion sportive du club." La société développe alors une "stratégie de réponses et d'interactions travaillée avec l'équipe communication du PSG". DBB repère les comptes Twitter influents qui gravitent dans la galaxie du club, que ce soit des comptes "d'informations objectives", "satiriques", ou "anti-PSG", et met en ordre de bataille une "armée numérique" pour contre-attaquer. Ce sont ainsi près de 1 000 comptes Twitter, réels de "partenaires" ou créés de toute pièce, qui doivent "permettre d'influer sur d'autres comptes" et de "neutraliser chaque attaque médiatique, que ce soit des scandales, des affaires internes, des fuites d'informations sensibles ou des informations anti-PSG". Ces comptes défendent alors Neymar accusé de viol en insultant son accusatrice, tournent en dérision l'affaire des quotas ethniques au sein du club déjà révélée par Mediapart ou encore attaquent le média Paris United, captures d'écran à l'appui dans le rapport d'activité de DBB transmis au PSG. Le rôle central du patron de la communication du PSG  Parmi les comptes créés de toute pièce, figure le très influent @PanameSquad créé en août 2018 et dont le dernier tweet remonte au soir de la finale de Ligue des Champions perdue par le Paris Saint-Germain face au Bayern Munich, le 23 août 2020. Une activité qui semble donc correspondre à la durée du contrat confirmée par les membres de DBB à franceinfo. Selon le rapport d'activité, ce compte suivi par près de 10 000 abonnés à l'époque avait pour mission de "rétablir la vérité sur des rumeurs", de s'"infiltrer auprès de communautés pro ou anti-PSG" et de lancer des "discussions privées avec des comptes influents". L'un des membres de DBB précise d'ailleurs à franceinfo que ce travail d'influence sur l'image du club faisait l'objet de contacts réguliers avec des membres du staff du PSG. Selon lui, tout passait par un homme, Jean-Martial Ribes, qui a dirigé le service communication du PSG de 2015 à l'été 2021. Ce très proche collaborateur du président du club Nasser Al-Khelaïfi faisait alors des points réguliers sur les objectifs souhaités et les "bad buzz" à traiter en urgence. Contacté par franceinfo, Jean-Martial Ribes n'a pour l'heure pas répondu à nos questions. Le rapport d'activité de Digital Big Brother pour la saison 2018-2019 se termine par des "recommandations" pour la saison suivante. Il propose ainsi de "renforcer" le media Paname Squad avec des publications quotidiennes, des informations exclusives et en développant des versions arabe et anglaise. Il suggérait également de mettre en place une "veille auprès des clubs de supporters pour connaître l'image du PSG dans les tribunes".  Une plainte déposée par une victime de harcèlement Selon Mediapart, en plus de discréditer des personnalités ou des journalistes, l'agence DBB a également déployé son armée de trolls pour discréditer des joueurs du Paris Saint-Germain, indiquant que même Kylian Mbappé avait été "égratigné". Des révélations vécues comme un "tsunami émotionnel" par une partie de son entourage, selon des informations de la direction des sports de Radio France. L'attaquant parisien souhaite d'ailleurs quitter le PSG dans les plus brefs délais, sans fournir d'explication. Elle s'en est aussi prise à des personnalités en dehors du club, comme Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique lyonnais. Parmi les victimes de ces raids sur les réseaux sociaux, il y a Nelson. Un supporter du Stade Rennais, qui avait été giflé par Neymar lors de la finale de la Coupe de France en 2019. Il avait ensuite été visé par une vague de tweets haineux, et il a aujourd'hui décidé de porter plainte. "Il l'a vécu de façon assez tragique", raconte son avocat Philippe Ohayon, qui parle d'un "ouragan d'insultes".  Il estime que l'objectif de cette vague d'insultes était "d'empêcher la victime de déposer plainte ou de la forcer à se rétracter". Les faits révélés sont selon lui pénalement répréhensibles "de trois ans d'emprisonnement a minima". "Ce qui est dramatique, c'est qu'il y a des domaines où les personnes oublient que la loi existe", se désole aussi Philippe Ohayon, ajoutant que "des personnes commettent des infractions dans le milieu footballistique qu'elles n'auraient jamais commises en dehors."

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