AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Elizabeth Short, l'énigme du Dahlia Noir et ses 500 assassins
Le 15 janvier 1947, Elizabeth Short, 22 ans, est retrouvée coupée en deux sur un terrain vague de Los Angeles. Retour sur l'un des cold cases les plus fascinants de l'histoire américaine.
"J'ai vu le corps depuis le trottoir." Le 17 janvier 1947, une jeune américaine, Betty Bersinger, longe l'avenue Norton de Los Angeles en compagnie de sa petite fille de 3 ans, Anne. Au loin, trônant au milieu d'un terrain vague, la jeune maman croit apercevoir un vieux mannequin de vitrine. Elle se trompe. Elle vient en réalité de faire une découverte qui va changer l'Amérique. Ce qu'elle a pris pour un mannequin est en fait le corps sans vie d'Elizabeth Short, 22 ans. Coupé en deux au niveau de la taille, celui-ci a été vidé de son sang et soigneusement nettoyé par son bourreau. Le visage de la jeune femme, lui, présente des traces de mutilations des oreilles à la commissure des lèvres. Un sinistre sourire de Glasgow à jamais encré dans la mémoire de tous.
En raison de la couleur de sa chevelure brune, d'une fleur de dahlia qu'elle portait dans les cheveux ou de la couleur de sa tenue, Elizabeth Short est surnommée par les médias "Le Dahlia Noir". Une référence, également, à The Blue Dahlia (le Dahlia Bleu), un film sorti peu avant centré sur l'assassinat d'une jeune femme. Dans un premier temps, la police de Los Angeles interroge Robert "Red" Manley, un homme marié de 25 ans que fréquentait la jeune serveuse qui rêvait d'être actrice. Celui-ci affirme avoir déposé Elizabeth au Biltmore Hotel de Los Angeles le 9 janvier précédent, soit 6 jours avant la découverte du corps. Plusieurs employés de l'hôtel confirment avoir aperçu la jeune femme dans l'hôtel, éloignant Manley du viseur des policiers...
500 aveux, 0 coupable
Le 24 janvier, la police et les médias angelins reçoivent une lettre mystérieuse. À l'intérieur, le certificat de naissance, le carnet d'adresses, des cartes de visite et des photographies d'Elizabeth. Le tout est accompagné d'une lettre sur laquelle est écrit "Voici les effets personnels de Dahlia. Une lettre va suivre." Jamais les enquêteurs ne recevront la missive annoncée. Sur la couverture du carnet d'adresse de la victime, ils trouvent le nom de Mark Hansen. Riche propriétaire de boîtes et nuits et de salles de spectacles angelines, il est soupçonné d'avoir assassiné Short après qu'elle l'ait éconduit. L'homme est néanmoins relaxé, au même titre que tous les suspects qui suivront. Et ils furent nombreux.
Le 14 mars 1957, une lettre d'adieu est découverte dans une chaussure abandonnée au bord de l'océan : "À qui de droit : j'ai attendu que la police me capture pour le meurtre du Dahlia Noir, mais ne l'ai pas été. Je suis trop lâche pour me rendre, donc c'est la meilleure sortie pour moi. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Pardon, Mary." L'auteur de la lettre est le premier d'une longue liste de prétendus coupables pris d'une fascination morbide pour l'affaire. 60 confessions sont enregistrées pendant la première enquête, plus de 500 en tout.
"Le Dahlia noir est un fantôme, une page blanche qui exprime nos peurs et nos désirs. Une Mona Lisa de l'après-guerre, une icône de Los Angeles", écrira, en 1988, l'écrivain James Ellroy. Le meurtre d'Elizabeth Short n'a jamais été élucidé. À ce jour, l'un des suspects les plus sérieux reste George Hill Hodel, un homme mystérieux dénoncé par son propre fils, Steve Hodel, ancien policier de Los Angeles. Avant le meurtre de Short, Hodel était déjà soupçonné de l'assassinat de sa secrétaire, Ruth Spaulding. Il déclarera : "Imaginez que j'aie tuée le Dahlia Noir. Ils ne peuvent pas le prouver. Ils ne peuvent plus parler à ma secrétaire puisqu'elle est morte." L'affaire du Dahlia Noir est l'un des cold cases les plus vieux et marquants des États-Unis. Des dizaines de livres, films et documentaires s'inspirent de celui-ci.
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