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Insolite et Faits divers

Affaire Elisa Pilarski : quatre questions qui se posent après la mise en examen pour "homicide involontaire" de son compagnon, propriétaire du chien Curtis

Affaire Elisa Pilarski : quatre questions qui se posent après la mise en examen pour "homicide involontaire" de son compagnon, propriétaire du chien Curtis Christophe Ellul, le compagnon de cette femme de 29 ans morte des suites de morsures canines, a toujours clamé l'innocence de son chien Curtis, présent au moment du drame. Un coup de tonnerre quinze mois après la mort d'Elisa Pilarski. Christophe Ellul, le compagnon de cette jeune femme de 29 ans morte des suites de morsures canines dans une forêt de l'Aisne, le 16 novembre 2019, a été mis en examen jeudi 4 mars pour "homicide involontaire". L'homme, qui avait clamé l'"innocence" de son chien Curtis après la mort de sa compagne, a été mis en examen "pour avoir par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité (…) involontairement causé la mort" de la victime, rapporte le parquet de Soissons. Retour sur cette affaire en quatre questions. 1Que s'est-il passé dans la forêt de Retz ? Le samedi 16 novembre 2019, aux environs de midi, Elisa Pilarski, enceinte de six mois, se rend seule à Saint-Pierre-Aigle (Aisne), en bordure de la forêt de Retz, pour y promener Curtis, un des cinq chiens d'attaque du couple.   Aux alentours de 15 heures, c'est là que son corps, marqué par des morsures canines, est retrouvé par son compagnon, Christophe Ellul. Selon le témoignage de ce dernier, Elisa Pilarski l'aurait appelé vers 13 heures, paniquée par "la présence de chiens menaçants" et lui demandant de la rejoindre au plus vite. Christophe Ellul a plus tard raconté à France 3 avoir croisé sur place une meute d'une trentaine de chiens qui "n'avaient pas l'air méchants", avant de découvrir le corps de sa compagne "dévoré". L'autopsie a permis d'établir que la mort d'Elisa Pilarski avait "pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chien aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu'à la tête". Des morsures canines post mortem ont également été relevées. 2Quelles ont été les principales pistes suivies lors de l'enquête ? A la suite de l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement résultant de l'agression commise par des chiens", le 20 novembre 2019, trois pistes ont été suivies. Il y a eu celle des chiens de l'association Le Rallye La Passion, qui participaient à une chasse à courre à proximité ce jour-là, celle du chien malinois qu'Elisa Pilarski aurait croisé quelques minutes plus tôt et celle de Curtis, le chien de son compagnon. Des analyses ADN ont été réalisées sur 38 animaux au total : les 33 chiens de l'association Le Rallye La Passion et les cinq chiens du couple, dont Curtis. Le propriétaire du malinois n'ayant jamais été retrouvé, son chien n'a pu être examiné.  3Pourquoi celle menant à Curtis a-t-elle été privilégiée ? Les résultats sont tombés presque un an plus tard, le 3 novembre 2020. Ils ont confirmé, avec le rapport vétérinaire, la responsabilité de Curtis dans la mort d'Elisa Pilarski et ont écarté tout lien avec la meute de chiens de chasse. Aucune trace ADN de ces animaux n'a par ailleurs été retrouvée sur la muselière de Curtis, ce qui écarte l'hypothèse d'une bagarre entre chiens qui aurait pu dégénérer. "Aucune trace d'ADN provenant des 33 chiens de meute prélevés n'a été retrouvée" alors que "l'ADN de la victime est présente à partir de traces de sang prélevées en différents points de la gueule et de la tête du chien Curtis", avait indiqué en novembre le procureur de la République de Soissons par intérim, Eric Boussuge. Curtis "n'est pas et n'a jamais été le chien d'Elisa Pilarski", avait rappelé Caty Richard, alors avocate de la mère et de l'oncle de la victime, sur BFMTV, le 1er novembre 2020.  Selon le parquet, Curtis avait "fait l'objet d'un dressage au mordant, forme d'apprentissage interdite en France et pouvant relever d'actes de maltraitance animale" et "de nature à abolir toute capacité de contrôle ou de discernement" chez l'animal. Quant au type de chien, il ne s'agit pas, toujours selon le parquet, d'un croisement de deux races autorisées en France, comme l'affirme Christophe Ellul, mais d'un american pitbull terrier "provenant d'un élevage des Pays-Bas et introduit illégalement en France par son acquéreur". Malgré les conclusions des experts, Christophe Ellul a toujours clamé l'innocence de son chien. Via son avocat, Alexandre Novion, il a demandé une contre-expertise et un complément d'expertise qui ont été rejetés en janvier 2021. "Un appel de cette décision de rejet a été formé et est actuellement examiné devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens qui devrait statuer dans les semaines à venir", a précisé le procureur par intérim Eric Boussuge, le 20 janvier. 4Que va-t-il se passer désormais ? Cette mise en examen "est un événement dont la mise en œuvre ne nous a pas du tout surpris, la question était quand cela allait intervenir, a réagi pour l'AFP Alexandre Novion, l'avocat de Christophe Ellul. C'est une étape nouvelle qui nous permet de travailler en fonction de cela. Christophe Ellul demeure une victime dans ce dossier et, qu'il soit partie civile ou mis en examen, ce n'est pas cela qui va changer son combat pour la justice et pour la vérité." Après sa mise en examen, Christophe Ellul a pu ressortir libre mais a été placé sous contrôle judiciaire avec l'interdiction d'entrer en contact avec les membres de la famille d'Elisa Pilarski, constituée partie civile. "L'instruction va maintenant se poursuivre, étant précisé que des recours sont actuellement en cours devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens, s'agissant de demandes d'actes formulées notamment par la famille de madame Elisa Pilarski", a indiqué le procureur de la République, Julien Morino-Ros.   Ce dernier a également rappelé que "c'est à l'issue de l'information judiciaire qu'il sera décidé des suites qu'il conviendra de donner à cette affaire et de saisir ou non le tribunal correctionnel aux fins de jugement". En France, les animaux domestiques ne sont jamais responsables devant la loi. C'est le propriétaire de l’animal qui est responsable de ses actes, selon l'article 1243 du Code civil. Si Curtis est reconnu coupable des morsures, son maître risque jusqu'à cinq ans de prison pour homicide involontaire et 75 000 euros d'amende. Quant à l'animal, placé sous saisie conservatoire, il pourrait être euthanasié à la demande de la justice.

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