Affaire de la sextape : malgré sa condamnation, Benzema voit l'avenir en Bleu
La joie de l'attaquant Karim Benzema, après son but marqué contre le Kazakhstan, lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2022 au Qatar, le 13 novembre 2021, au Parc des Princes à Paris.
Malgré sa condamnation, mercredi, dans l'affaire dite "de la sextape de Valbuena", l'attaquant français Karim Benzema ne risque pas de voir son statut en équipe de France compromis. Il s'est imposé ces dernières années comme un élément incontournable du dispositif tricolore.
"Circulez ! Il n'y a rien à voir !" C'est le message envoyé en substance par les instances françaises du football, après la condamnation de Karim Benzema, mercredi 24 novembre, dans "l'affaire de la sextape". Cette dernière ne devrait pas compromettre l'avenir international du buteur français, devenu pièce-maîtresse des Bleus version 2021
L'attaquant star du Real Madrid a été reconnu coupable de complicité de tentative de chantage contre son ancien coéquipier en sélection Mathieu Valbuena et condamné à un an de prison avec sursis et 75 000 euros d'amende. Mais ce jugement, dont ses avocats ont annoncé faire appel, n'entraînera aucune mise à l'écart sportive.
"Il a le droit de travailler"
"Cette sanction ne change rien pour moi. Il est sélectionnable", a coupé court Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, auprès du quotidien sportif L'Équipe. "Il a le droit de travailler. On peut faire une faute, être condamné avec sursis et reprendre le travail".
Et le dirigeant bretond'ajouter: "Dans la mesure où Didier (Deschamps) veut le sélectionner, la Fédération n'aura aucune opposition. Il n'y a aucun obstacle à ce qu'il continue de jouer en équipe de France".
Soucieux de ne "pas anticiper la décision" du tribunal, le sélectionneur des champions du monde en titre avait toutefois indiqué, début octobre, que seuls les "choix sportifs" lui servaient de boussole. Difficile dès lors de l'imaginer se priver du buteur prolifique, en lice pour le prestigieux Ballon d'Or remis lundi prochain.
Retour gagnant en Bleu
Car sur les terrains, Benzema a transformé son retour surprise chez les Bleus en véritable réussite, malgré un Euro raté l'été dernier sur le plan collectif. Humble et travailleur, discret et efficace, l'avant-centre de bientôt 34 ans (il les aura le 19 décembre) s'est mis au diapason de la sélection.
Surtout, il a mis en pratique ce qui constitue sa marque de fabrique à Madrid : empiler les buts. Il en a marqué neuf en 13 rencontres internationales, dont cinq sur les quatre dernières, aidant grandement l'équipe de France à remporter la Ligue des nations en octobre, puis à se qualifier le mois suivant pour le Mondial-2022.
"On est tous d'accord sur le fait que son retour a été marqué de ses performances et ses statistiques. Ce qu'il réalise, c'est remarquable. Il a envie de continuer son aventure en Bleu, une Coupe du monde c'est un moment particulier", a pointé son capitaine Hugo Lloris lors du dernier rassemblement.
Pas retenu en 2010, le meilleur buteur français de l'édition 2014 au Brésil (trois buts) veut disputer une deuxième Coupe du monde, au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022, avec le maillot des champions du monde en titre sur le dos.
Du haut de ses 94 sélections (36 buts), le buteur né à Lyon pourrait même d'ici là entrer dans le cercle fermé des "centenaires" sous le maillot tricolore, comme Didier Deschamps ou Zinédine Zidane, marquant un peu plus l'histoire d'une sélection avec laquelle il entretient une relation contrariée.
Un rétropédalage
"L'affaire de la sextape" l'a en effet tenu éloigné des Bleus pendant plus de cinq ans et demi, avec pour élément déclencheur sa mise en examen pour "complicité de tentative de chantage" contre Mathieu Valbuena et "participation à une association de malfaiteurs".
"Karim Benzema n'est plus sélectionnable jusqu'à ce que la situation évolue, jusqu'à ce qu'il y ait du nouveau dans ce dossier", avait annoncé Le Graët en décembre 2015. Quatre mois plus tard, l'ancien de l'OL était privé d'Euro-2016 par la FFF au nom de "l'exemplarité" et de "la préservation du groupe".
L'attaquant avait, certes, creusé le fossé en affirmant que Deschamps avait "cédé à une partie raciste de la France". Mais le sélectionneur, toujours prudent dans sa communication, n'avait jamais exprimé d'avis définitif.
Les prises de parole de Le Graët, en revanche, ont pu entretenir un certain flou.
"Benzema est sélectionnable, il n'est pas suspendu. Si Didier (Deschamps) veut le prendre, quand il veut, il le peut", avait-il insisté en février 2017, regrettant une justice "un peu lente dans ce dossier". Mais en novembre 2019, la porte s'était refermée: "L'aventure en bleu est terminée".
Deux ans après, cette formule a pris un coup de vieux.
Avec AFP