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Arts et People

Abattue par son ex-mari, elle avait porté plainte contre lui 22 fois

Cécile Piquet a été tuée froidement par son ex sur son lieu de travail. L'homme avait déjà été condamné pour violence conjugale, mais la jeune femme n'avait jamais obtenu la protection qui lui aurait sauvé la vie. La voix tremble au téléphone. Le 17 décembre dernier, c'est une femme apeurée qui appelle la gendarmerie. Elle explique aux officiers que son ex-maril'a attendue devant les locaux de leur entreprise de paysagerie, installée à Domont, dans le Val-d'Oise, avec un fusil à la main. Ivre de rage, il a tiré et blessé par balles deux de leurs employés. Envoyé sur place, le GIGN ne parvient pas à entrer en contact avec l'auteur des coups de feu et c'est un robot qui fait la macabre découverte : Cécile Piquet a été abattue et gît sans vie non loin du corps de son ancien compagnon qui s'est donné la mort. L'épilogue d'une descente aux enfers qui a commencé en 2015. A l'époque, tout va bien en apparence dans le couple formé par Cécile Piquet et Dominique G. C'est en 2000 qu'ils se sont rencontrés. Alors divorcé et père de deux enfants, Dominique G. est le maître de stage de Cécile dans une école de paysage. Ils se marient, fondent leur société et achètent une maison. Parents de trois filles, désormais âgées de 9, 12 et 14 ans, ils rachètent aussi un restaurantà l'aérodrome d'Enghien-Moisselles où Dominique passe énormément de temps. "Il la brutalisait, il la battait, il l'insultait, c'était une vie épouvantable" L'homme, alors âgé de 53 ans, se noie dans l'alcool et son comportement change. Mutique la plupart du temps, il est violent avec Cécile, la dénigre et lui assène à longueur de journée qu'elle "est nulle". En décembre 2017, il frappe la tête de son épouse contre la table de la cuisine, persuadé qu'elle a une liaison. Leurs trois filles, terrorisées, se sont réfugiées à l'étage. Un an plus tard, Cécile Piquet prend son courage à deux mains et demande le divorce. Elle quitte la maison avec ses enfants après une nouvelle scène de violence et se met à l'abri chez ses parents. Mais le cauchemar continue. "Il la brutalisait, il la battait, il l'insultait, il la blessait [...] On fermait toutes les portes le soir, on ne sortait jamais sans vérifier qu'il n'était pas là. C'était une vie épouvantable", confie Pierre Piquet le père de Cécile à FranceInfo. Les grands-parents sont d'autant plus inquiets que leur fille a retrouvé des munitions d'un fusil de chasse sur le sol de leur salle de bains. Mais Cécile est une femme de caractère et n'a pas l'intention de se laisser harceler sans réagir. Elle dépose 22 plaintes et mains courantes dont une dizaine concernant les actes de violence dont elle est victime. "On nous disait : 'Ça va s'arranger. Rentrez chez vous, vous ne risquez rien'" A la gendarmerie, elle est écoutée sans vraiment être entendue. "On nous disait : 'Ça va s'arranger, on n'a jamais vu quelqu'un être tué parce qu'il y a une dispute de ménage. Rentrez chez vous, vous ne risquez rien !'", s'insurge Pierre Piquet. En novembre 2019, la justice condamne tout de même Dominique à un an de prison avec sursis avec une obligation de suivi psychiatrique. L'homme a aussi l'interdiction de porter une arme et d'approcher sa femme... sauf au sein de leur entreprise ! Cécile Piquet n'a pas le droit de bénéficier du dispositif "Téléphone grave danger", un dispositif qui permet d'alerter immédiatement les forces de l'ordre, destiné aux femmes menacées de violences conjugales, et les juges ne délivrent pas d'ordonnance de protection qui aurait interdit à Dominique d'entrer en contact avec son ex-épouse. Une faille dans laquelle va s'engouffrer l'homme violent qui est condamné à trois mois de prison ferme en septembre 2020 après avoir craché au visage de son épouse et de ses employés, mais a bénéficié d'un aménagement de peine. C'est son père de 80 ans qui va s'ériger en rempart et faire office de garde du corps La sanction ne calme pas l'homme, qui harcèle son épouse dans leur société du matin au soir. "Il épinglait le chèque de pension alimentaire avec un Post-it 'pour la sale p...'. Il refusait que l'on nettoie les toilettes pour femmes, qu'il avait volontairement souillées", explique à FranceInfo maître Yves Beddouk, l'avocat de Cécile Piquet. Désemparée et épuisée physiquement et psychologiquement, la mère de famille ne sait plus quoi faire. C'est son père de 80 ans qui va s'ériger en rempart et faire office de garde du corps. Tous les matins pendant deux ans, le vieil homme dépose sa fille au travail et la récupère le soir. Il la suit partout dans ses déplacements, sauf le soir du 17 décembre 2020... Depuis, Pierre Piquet a perdu le sommeil. "C'est un échec, j'ai échoué, elle est morte [...] cet homme m'a dit que de toute façon il la tuerait et qu'il la poursuivrait jusqu'au dernier jour", explique, à France 2, ce père ravagé de douleur. Le parquet de Pontoise a ouvert une enquête pour assassinat, tentative d'assassinat et séquestration mais cela ne rendra pas Cécile Piquet à sa famille. En 2020, en France, 90 femmes ont déjà été tuées par leur conjoint ou leur ex. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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