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Insolite et Faits divers

A son procès, Arnaud Mimran martèle son "innocence" dans la séquestration d'un financier suisse

Il se dit "innocent". Le sulfureux homme d'affaires Arnaud Mimran a présenté jeudi 17 juin sa version de la séquestration en 2015, en vue de son extorsion, d'un richissime financier suisse. Une affaire qui lui vaut de comparaître devant les assises de Paris. Ce "Golden boy" déchu de la finance âgé de 49 ans est jugé depuis mardi 8 juin avec cinq autres accusés - dont l'un de ses proches, l'ancien champion de boxe thaï Farid Khider - pour enlèvement, séquestration et extorsion en bande organisée. Les six coaccusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité, tandis qu'un septième homme est jugé par défaut.  Issu d'une famille aisée du 16e arrondissement de Paris, flambeur et grand amateur de poker, Arnaud Mimran a été interrogé jeudi. "Je n'ai pas été au courant de la séquestration, je n'ai pas participé et je n'ai pas bénéficié d'un euro", a lancé l'accusé en chemise rose, sa main droite posée sur sa main gauche. Pendant toute l'après-midi, Arnaud Mimran a âprement et longuement contesté chaque élément à charge du dossier. "Je n'aurais jamais pensé à recourir à une séquestration" Le mobile, tout d'abord. Était-il ruiné au moment des faits, comme l'a avancé le dossier d'instruction, ce qui aurait pu entraîner un besoin très immédiat d'argent ? "Endetté ou très riche, je n'aurais jamais pensé à recourir à une séquestration (...). Je pouvais vendre un tableau de (l'artiste contemporain) Damien Hirst, je pouvais vendre la MacLaren, je pouvais vendre des montres", balaie Arnaud Mimran. Selon le dossier d'instruction, Arnaud Mimran aurait fait venir le financier suisse à Paris début janvier 2015 dans le clair objectif de sa séquestration. L'intéressé raconte une histoire toute différente : il avait pris rendez-vous à Genève pour faire "de la Bourse" avec ce trader suisse, qui lui a raconté vouloir "récupérer l'argent" d'un terrain acheté en Corse "à des voyous", "une mauvaise affaire". Pour s'attirer ses faveurs, il lui aurait proposé un rendez-vous à Paris avec une figure montante du grand banditisme, "Titax", "susceptible de l'aider". Au dernier moment, le 15 janvier 2015, Arnaud Mimran fait faux bond au rendez-vous. Et il affirme désormais à la cour que " Titax " a profité de l'occasion pour organiser de son propre chef une séquestration du financier. Le 15 janvier 2015, le banquier suisse, qui ne veut pas que son nom apparaisse et se fait prénommer Simon, est en effet enlevé par quatre hommes encagoulés et conduit dans un appartement d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Là, ses geôliers lui ordonnent de réaliser, pour quelques millions d'euros, des hats de titres d'une société de droit américain - possédée de fait par Arnaud Mimran, et qualifiée de "coquille vide" par le gendarme boursier des Etats-Unis. "Demain tu me donnes l'argent en cash" Le président de la cour s'étonne que Mimran se soit laissé embarquer par "Titax" "pour aller voir Simon" en moto, le lendemain de l'enlèvement, sans s'interroger sur les suites du rendez-vous non honoré... Arrivés sur les lieux de la séquestration, "tout change", avance Mimran. "Titax" lui aurait dit : "'Simon' est avec nous, il a acheté des actions (...). Demain tu me donnes l'argent en cash" en récupérant l'argent tiré des opérations faites par le financier suisse auprès de sa société. Dans l'appartement d'Aubervilliers, "vous êtes détenu illégalement ?", l'interroge le président. "J'ai pas demandé à partir, mais je ne pense pas qu'ils m'auraient laissé", répond l'accusé. Pourquoi sa "séquestration" ne dure-t-elle qu'une heure? Si les ravisseurs ne me libèrent pas, "ils ne récupèrent pas l'argent", argumente Arnaud Mimran, comme une évidence. Le banquier finit par être libéré, mais au bout de six jours. Une libération anticipée liée, selon l'accusation, à deux événements extérieurs qui auraient désorganisé les ravisseurs: le meurtre deux jours plus tôt de "Titax", puis l'arrestation d'Arnaud Mimran dans le cadre de l'enquête sur l'escroquerie à la taxe carbone. Le verdict est attendu le 25 juin.

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