À Paris, les policiers municipaux ne seront pas dotés d'armes létales, "pas nécessaire" selon l'adjoint au maire chargé de la sécurité
Nicolas Nordman, adjoint à la sécurité de la maire de Paris Anne Hidalgo, a estimé ce lundi 18 octobre sur franceinfo que "pour les missions que nous leur confions, il n'était pas nécessaire" queles nouveaux policiers municipaux de Paris "soient dotés d'armes létales". 154 agents formerontce lundi le premier contingent de la police municipale parisienne de l'Histoire. Ils seront à terme 3 600.
franceinfo : Quelles seront les missions de cette police municipale ?
Nicolas Nordman : C'est un moment historique. Aujourd'hui, pour la première fois, Paris va pouvoir, comme toutes les grandes villes de France, disposer d'une police municipale. C'est une forme de particularisme parisien qui date de l'empire en termes d'organisation de pouvoirs de police à Paris. Ses missions sont assez claires. D'abord, c'est évidemment sécuriser les Parisiennes et les Parisiens avec une police d'ultraproximité, présentes dans les rues au moment où les Parisiennes et les Parisiens en ont besoin. C'est aussi pouvoir sanctuariser les piétons, les trottoirs, faire de la sécurité routière parce qu'évidemment, on a besoin de pouvoir avoir des trottoirs moins encombrés, des pistes cyclables préservées. Et puis aussi, la sécurité pour les piétons dans les rues. C'est apaiser la ville. Paris est une ville bruyante, avec des deux-roues motorisés qui font du bruit, avec aussi des tapages dans l'espace public. Nos agents seront là aussi pour pouvoir verbaliser et lutter contre cette ville parfois trop bruyante. C'est bien sûr participer à la propreté de la ville. Il faut sanctionner aussi un certain nombre de comportements qui salissent Paris. Dans l'organisation de cette police municipale, nous voulons confier la priorisation des missions aux maires d'arrondissement. Nous créons 17 divisions de police municipale. Chaque maire d'arrondissement pourra, parce que chaque arrondissement est différent, déterminer les priorités d'action de cette police.
Pourquoi avoir fait le choix de ne pas les équiper d'armes létales ?
La priorité pour nous c'est évidemment la sécurité de nos agents. Ils seront dotés d'armes de défense, de gilets par balles, matraques, gaz lacrymogènes. Mais nous avons fait le choix de ne pas les doter d'armes létales. Pour les missions que nous leur confions, nous pensons qu'il n'est pas nécessaire qu'ils soient dotés d'armes létales. Et puis, nous voulons qu'il y ait une distinction extrêmement forte, nette avec la police nationale. La police municipale, ce n'est pas la police nationale qui garde ses missions de lutte contre la délinquance, les trafics de drogue, le terrorisme et donc ils sont armés pour cela. Nos agents sont sur des missions différentes, complémentaires. Parfois, ils auront des missions communes, mais l'arme létale, c'est aussi un élément très important de distinction.
Anne Hidalgo espérait recruter 210 agents pour commencer, seulement 154 seront lancés dans le grand bain. Avez-vous des difficultés de recrutement ?
Absolument pas. Il n'y a pas de difficultés de recrutement pour une raison simple, c'est que nous n'avons pas commencé à recruter, puisque nous sommes autorisés à recruter qu'à partir du moment où nous avons une police municipale, ce qui est le cas à partir d'aujourd'hui. Cela avance doucement. On a effectivement lancé des formations. On avait annoncé 200 premiers agents, mais c'est vrai que ces formations sont sélectives et qu'un certain nombre d'agents n'ont pas poursuivi jusqu'au bout. Finalement, c'est heureux puisque nous voulons des agents extrêmement bien formés. Nous voulons des agents très motivés et donc effectivement, pour la première promotion, indépendamment d'ailleurs des questions liées à la crise sanitaire qui nous a obligés de réduire le nombre de personnes à former aussi, certains agents ne sont pas allés jusqu'au bout. Mais bien entendu, nous allons poursuivre ces formations et former tous nos agents pour qu'ils deviennent de vrais policiers municipaux.