Y avait-il davantage de policiers sur le terrain et un meilleur taux d'élucidation des affaires sous Nicolas Sarkozy, comme l'affirme Eric Ciotti ?
Le député LR des Alpes-Maritimes assure que la police était plus efficace sous le mandat de Nicolas Sarkozy, bien que les effectifs des forces de l'ordre aient baissé sous son mandat. Un rapport de la Cour des comptes montre que la police n'a effectivement pas amélioré ses performances en dix ans malgré des moyens supplémentaires.
Le député Les Républicains Eric Ciotti, soutien de Valérie Pécresse à la présidentielle, encourage l'idée de réduire le nombre de fonctionnaires. Alors qu'il débattait, dimanche 2 janvier sur LCI, avec la ministre de la Transformation de la fonction publique Amélie de Montchalin, cette dernière lui a rappelé que la baisse des fonctionnaires avait entrainé la suppression de 12 000 postes de policiers et gendarmes sous le mandat de Nicolas Sarkozy. A cet argument, Eric Ciotti a rétorqué que "en tout cas à l'époque, il y avait plus de policiers sur le terrain, plus d'efficacité, un taux d'élucidation supérieur". Eric Ciotti a assuré que son constat était tiré d'un rapport de la Cour des comptes. C'est effectivement le cas.
Baisse "continue" des effectifs sur la voie publique
Un rapport de la Cour des comptes au titre évocateur a bien été rendu public en novembre 2021. Intitulé "La gestion des ressources humaines au coeur des difficultés de la police nationale", ce rapport indique en résumé que, malgré l'augmentation des moyens alloués à la police depuis dix ans, la performance n'est pas au rendez-vous. Sur certains points, la situation s'est même détériorée. Le rapport note, par exemple, qu'en dépit d'une hausse de la masse salariale de 21% depuis 2011, le taux de présence des policiers affiche "une baisse continue". Ainsi, elle est passée de 39% à 37% entre 2011 et 2021.
Dans le détail, ce rapport indique toutefois que les effectifs n'ont pas augmenté de la même manière dans tous les services. S'ils ont effectivement augmenté de 31% dans la police des étrangers et des transports aériens, ils ont au contraire baissé de 10% dans les services de sécurité et paix publique.
Un taux d'élucidation qui se détériore
Les magistrats de la Cour des comptes notent que "les plans de renfort n'ont pas permis d'améliorer à due concurrence l'exercice des missions de police". Aussi, "les taux d’élucidation, même s’ils constituent un indicateur imparfait, sont révélateurs des difficultés de traitement des infractions par les services judiciaires de proximité", indiquent-ils.
Concrètement, le taux d'élucidation des affaires de cambriolages stagne autour de 10% depuis 5 ans. Il s'est même dégragé concernant les homicides passant de 67% d'affaires résolues en 2015 contre 62% en 2020. Le taux d'élucidation des affaires de vols avec violence est toutefois passé de 10,8% à 15,4% entre 2015 et 2020.
Une gestion des ressources humaines qui reste problématique
Cette performance décevante au regard de l'augmentation des moyens alloués, la Cour l'explique notamment par une organisation du travail des policiers qui "malgré les réformes récentes, reste inadaptée" aux besoins opérationnels. "Les travaux récents de la Cour sur le sujet convergent vers l’idée que la solution à l’insuffisance de ces performances se trouve avant tout dans une meilleure utilisation et une gestion rénovée des ressources humaines de la police nationale", indiquent les magistrats.
Ils préconisent notamment une allocation des effectifs qui "gagnerait à être repensée", une organisation du travail qui devrait être "adaptée aux besoins" et une formation qui devrait être "renforcée et modernisée".