Y-a-t-il vraiment un policier ou gendarme blessé toutes les heures en France, comme l'affirme Éric Ciotti ?
Le député LR des Alpes-Maritimes assure qu'au sein des forces de l'ordre, on déplore "chaque heure" un policier ou un gendarme "blessé en service". Les blessés en service sont en réalité plus nombreux car ce chiffre comprend aussi les blessures que peuvent se faire les agents en dehors des missions d'intervention.
Alors que certains, comme Jean-Luc Mélenchon, accusent la police de "tuer", le député Les Républicains des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, lui, a assuré mercredi 8 juin sur RMC que "chaque heure dans notre pays un gendarme ou un policier est blessé en service". Ce chiffre est pourtant inexact.
Si l'on prend Éric Ciotti au mot, le nombre de policiers ou gendarmes blessés en service est même plus élevé que cela. En 2020, par exemple, côté police, il y a eu 6 696 agents blessés en service et 3 269 gendarmes. Au total, près de 10 000 policiers et gendarmes blessés en service, soit plus d'un par heure. Sauf qu'il n'y a aucun sens à regarder cet indicateur pour prouver la violence à laquelle seraient confrontés policiers et gendarmes.
Pas de détail sur la nature des blessures
Les "blessés en service", comptabilisent les policiers qui ont été blessés pendant leurs heures de travail, sans que ce soit lié directement à une opération, ou encore ceux qui se sont blessés sur leur trajet domicile-travail. Pour avoir une idée plus précise des forces de l'ordre blessées réellement au cours d'une opération, il faut plutôt regarder les "blessés en mission".
On constate ainsi qu'il y a un peu moins de blessés en mission que de blessés en service (5943 policiers blessés en mission en 2021 d'après la Direction générale de la police nationale). Mais cet indicateur doit lui aussi être interprété avec prudence. Car parmi les "blessés en mission", on ne trouve pas uniquement des policiers ou des gendarmes qui auraient été blessés après une agression : ce chiffre inclut aussi des agents qui ont pu se blesser accidentellement au cours de leur mission.
En résumé, parler d'un policier ou gendarme blessé chaque heure en service est faux. Il faudrait plutôt parler des policiers blessés en mission. Par ailleurs, ce chiffre, tout aussi percutant soit-il, ne rend pas compte avec précision de la réalité car on ne connaît pas la nature des blessures enregistrées.