news-details
Actualités

"Woke" : Éric Zemmour dans les pas de Donald Trump

Pour un candidat à l’élection présidentielle, le choix des mots est rarement anodin. Tout au long de la campagne, France 24 vous explique les raisons ayant poussé un candidat à l’Élysée à prononcer un mot ou une expression. Cette fois-ci, Éric Zemmour et la culture "woke".  "Avec 'Illusions perdues', Balzac a écrit la critique la plus acerbe de votre métier, elle n’a pas pris une ride. Au temps de Balzac, on était libéral, patriote, socialiste. Aujourd’hui on est antiraciste, féministe, écologiste, la culture 'woke' a pris la place du marxisme, qui avait pris la place du socialisme, qui avait pris la place du libéralisme", lâche Éric Zemmour, lundi 10 janvier, lors de ses vœux à la presse. Le mot bruissait depuis plusieurs semaines déjà dans le débat public français. Éric Zemmour l’a officiellement repris à son compte lors d’un discours destiné à dézinguer les journalistes français souffrant, selon lui, d’un mal bien connu : le politiquement correct.  L’anglicisme "woke" ou le "wokisme" – littéralement "réveillé" ou "éveillé" en français – est une pensée directement importée des États-Unis. À l'origine, il désignait le fait d'être conscient de certains problèmes de justice sociale et d'égalité raciale subis par les minorités ; il était alors fréquemment employé par la communauté afro-américaine. Au fil du temps, le sens du mot a évolue pour caricaturer certaines idées progressistes défendues par la gauche. Pas étonnant que le terme soit depuis régulièrement repris par la frange droite de l'échiquier politique, au même titre que les expressions "islamo-gauchisme" ou "cancel culture". À l’usage, le champ sémiotique s'est aussi élargi. On parle aujourd’hui de l’idéologie woke pour le climat, le sexisme, le racisme, l’homophobie... En résumé, "l'expression 'wokisme' ressemble à ce qu'on appelait avant 'gauchisme'", note Vivien Vergnaud, rédacteur en chef adjoint du JDD.   À la présidence des États-Unis, on a régulièrement vu Donald Trump fustiger la culture woke lors de violentes diatribes à l’encontre du camp démocrate. Cet été, on a même pu entendre l’ancien président américain résumer l’expression en ces termes sur la chaîne RSBN. "Vous savez ce que c’est un woke ?", a-t-il lancé le 23 août à un public acquis. "C’est un loser, un perdant. Honnêtement, tout ce qui est woke se transforme en merde."  Portée par cet ambassadeur de choix, l'expression a traversé l'Atlantique pour arriver en France en 2020, si l’on croit le moteur de recherche Google. Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer l’a lui aussi employé dans un entretien accordé au Monde le 13 octobre, appelant "la France et sa jeunesse" à "échapper à l’idéologie woke".   Quoi de plus logique pour celui qui rêve de devenir le Donald Trump français que de reprendre l’une de ses expressions favorites ? En reprenant le terme "woke", Éric Zemmour inscrit son discours dans une pensée droitière, décomplexée, destinée à faire sauter les verrous d’une presse, selon lui, muselée par la bien-pensance.

You can share this post!