VIDEO. Faux chantage à la webcam mais vraie escroquerie : une victime d'arnaque par "sextorsion" témoigne dans "Complément d'enquête"
Chantage à la vidéo compromettante, diffusion de photos intimes ou montage porno, ce type d’arnaque a un nom : la "sextorsion". L'une des victimes d'une cyberattaque massive en 2019 a accepté de témoigner pour "Complément d'enquête".
Avec le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, récupérer des images compromettantes peut sembler un jeu d'enfant pour certains escrocs. D'autant que dans ce domaine, ils ne cessent d'innover et se sont professionnalisés. Dans un document sur les "sextorsions", ces nouvelles formes de chantage à la vidéo intime, "Complément d'enquête" revient sur une arnaque massive, qui a ciblé des millions de Français en 2019.
Dans l'ouest de la France, un ancien fonctionnaire a accepté de raconter aux journalistes le chantage dont il a été victime et dont il a aujourd'hui doublement honte.
Les cyber-escrocs sont entrés en contact avec leurs victimes potentielles via leur messagerie électronique. Voici quelques extraits du mail qu'a reçu ce retraité : "Je suis un hacker et j'ai piraté vos appareils il y a quelques mois. J'ai mis en place un virus sur un site pour adultes que VOUS avez visité, et j'ai réussi à avoir la main sur votre appareil. (...) J'ai remarqué que vous aviez des goûts très particuliers en matière de pornographie. Eh bien, je pense que 500 euros est un juste prix pour notre petit secret... (...) Si vous ne coopérez pas, je serai dans l'obligation d'envoyer la vidéo à vos contacts les plus importants, à votre famille, à vos collègues, sur Facebook, Twitter et bien d'autres…"
"Envahi par la panique"
Rédigé en français correct, "un indicateur de crédibilité" pour l'ancien fonctionnaire, le mail distille par ailleurs quelques termes techniques qui lui donnent une apparence de sérieux. Assez pour faire douter un profane en informatique... Le retraité, qui assure ne jamais visiter de sites pornographiques, imagine alors un montage assemblant des photos de lui en train de travailler sur son ordinateur, prises par l'escroc via la webcam, avec des scènes pornographiques. "C'est là où je me sens envahi par la panique", confie-t-il.
Soucieux d'éviter que ses proches reçoivent un tel montage, il suit, par peur du qu'en-dira-t-on, les consignes du maître-chanteur. Il crée un compte Bitcoin, et paie 500 euros en cryptomonnaie. Une "relativement grosse somme" pour lui, que "compte tenu de l'enjeu", il n'a "pas hésité à payer".
C'était du bluff...
Le lendemain, en signalant l'arnaque à la police, le retraité a appris que le maître-chanteur n'avait jamais pris le contrôle de sa webcam. C'était du bluff... Un faux piratage, mais une vraie escroquerie… dont il n'est pas la seule victime. A Paris, les services de police dédiés à la lutte contre la cybercriminalité ont reçu 28 000 signalements similaires en seulement quelques mois.
Extrait de "Sexe, arnaques et vidéos : les nouveaux maîtres-chanteurs", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 14 octobre 2021.
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