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Sports

Tour de France : quand le public se lâche et peut se montrer dangereux

PUBLIC ENNEMI ? Sur les routes du Tour, le public se masse toujours plus nombreux, en particulier sur les étapes de montagne. Plus jeunes, moins disciplinés, les spectateurs provoquent même parfois des carambolages et des chutes. Des incidents qui se multiplient depuis le début de la compétition, et que les coureurs redoutent, avant une nouvelle étape de montagne sur les quatre cols de la 17e étape. Des spectateurs surexcités à l'arrivée de la 15e étape, à Saint-Gervais. La 17e étape du Tour de France, entre Saint-Gervais et Courchevel, mercredi 19 juillet, compte quatre grands cols sur son parcours, notamment, juste avant l'arrivée, le mythique col de la Lauze. Des endroits très prisés des spectateurs, massés en nombre sur le bord des routes étroites, au point de rendre difficile le passage des coureurs et des véhicules de course. Et sur les parties plates, le public n'est pas non plus forcément attentif, ce qui a déjà causé plusieurs chutes, dont certaines assez graves.  Un spectateur avancé sur la route a envoyé à terre, puis à la maison, le Belge Stef Cras lors de la 8e étape. Le lendemain, une banderole artisanale, tombée au passage des coureurs, a accroché le guidon du Français Lilian Calmejane, le faisant tomber. "Disons que 99 % des personnes font attention, décrit Benoît Cosnefroy. Mais il y a toujours celles trop alcoolisées ou n'ayant pas conscience de la vitesse à laquelle on arrive et elles n'ont pas les bons gestes. Le public du Tour n'est pas toujours connaisseur de vélo." Dernier épisode en date, le bras d'une personne s'essayant à un selfie dos au peloton a déséquilibré Sepp Kuss, le lieutenant du maillot jaune Jonas Vingegaard, envoyé au tapis. "Ça n'a aucun sens pour moi. On voit des gens regarder à travers leurs téléphones plutôt que de vivre ce qui se passe", s'est lamenté l'Américain lors de la journée de repos critiquant "l'ère d'Instagram, TikTok et compagnie". Son équipe, Jumbo-Visma, envisage de porter plainte, selon l'un de ses représentants. Un public plus jeune... et excité Longtemps vu comme vieillot, le cyclisme attire un nouveau public. Par exemple, 21 % des 18-24 ans ont suivi l'intégralité des étapes de la dernière Grande boucle et jusqu'à 27 % des 25-34 ans, selon une étude menée par Cofidis et Dentsu Data Labs auprès de 1 000 personnes en août dernier. À cela s'est ajouté la série documentaire Netflix, destinée à conquérir une nouvelle audience. "Je ne sais pas s'il y a un emballement avec Netflix mais on sent qu'il y a vraiment une ferveur plus importante", témoigne Thibaut Pinot, qui remarque des visages rajeunis. "On retrouve plus de gens de 20 ou 30 ans. Et on n'a qu'une jeunesse comme on dit, je pense qu'ils la vivent bien au bord de la route. Moi ça me fait rire." Un autre facteur peut expliquer certains comportements : les foules des cols ne s'abreuvent pas qu'à l'eau minérale. "Il y a des gens bourrés, décrit le Belge d'AG2R-Citroën Oliver Naesen. C'est top de faire la fête mais il y en a qui abusent."  Ces nuées de spectateurs échauffés, dès la matinée, dans une ambiance de kermesse géante, peuvent se montrer turbulents. "Il faut bien dépenser l'enthousiasme engrangé, on ne peut tout de même pas le rapporter chez soi tel quel après s'être levé si tôt", comme l'écrivait Dino Buzzati en couvrant le Giro 1949. Les bidons s'arrachent "En descendant du Bettex dimanche [à Saint Gervais] après l'étape pour retourner au car, Biniam Girmay est tombé devant moi parce que des gens lui ont arraché le bidon des mains, raconte Benoît Cosnefroy. Il a fait un soleil." Plus tôt dans la semaine, le Belge Yves Lampaert a raconté une scène similaire, sans chute à la clé cette fois. "Les bidons, je ne sais pas ce qu'ils font avec, souffle Oliver Naesen. Voir des adultes qui en réclament en criant, franchement, je n'en peux plus. C'est usant. Quand t'es en train de boire, t'as 30 personnes qui hurlent 'bidon, bidon, bidon'. C'est comme si on faisait partie de la caravane." Reste que l'édition 2023 n'a pas inventé les débordements. En 2021, une spectatrice avec une pancarte "Opi-Omi" provoquait une chute massive. Elle a finalement écopé d’une amende de 1 200 euros pour "mise en danger d'autrui" et "blessures involontaires". Et durant le Tour 2015, Chris Froome et son équipier Richie Porte s'étaient plaints du comportement des spectateurs. Avec AFP

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