Tir lors d'un refus d'obtempérer : "Ce n’est jamais la police qui est à l’origine de ce qu’il se passe", affirme le directeur général de la police nationale
Tir lors d'un refus d'obtempérer : "Ce n’est jamais la police qui est à l’origine de ce qu’il se passe", affirme le directeur général de la police nationale
Frédéric Veaux estime que les policiers sont de plus en plus confrontés à des situations de danger et que le cadre juridique est suffisamment clair.
"Dans l'instant, c'est vraiment une décision très compliquée à prendre" pour le policier de tirer ou non lors d'un refus d'obtempérer, a expliqué jeudi 8 septembre sur franceinfo Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale. "Ce n’est jamais la police qui est à l’origine de ce qu’il se passe", affirme-t-il. Depuis le début de l'année, 9 personnes ont été tuées par des tirs de policiers après des refus d'obtempérer, selon un décompte jeudi de franceinfo. Un bilan qui comprend les deux derniers tirs mortels qui ont eu lieu ce mercredi à Rennes lors d'une opération anti-drogue et à Nice dans l'après-midi.
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franceinfo : La police française dégaine-t-elle trop rapidement ?
Frédéric Veaux : Absolument pas, la police française est confrontée de plus en plus à des situations au cours desquelles elle est obligée de mettre en œuvre des moyens pour se protéger, se défendre ou faire cesser un certain nombre d'infractions. Ce n'est pas à moi qu'il revient de commenter les affaires qui se sont produites hier [un refus d'obtempérer à Rennes et un autre à Nice] et qui font l'objet d'enquêtes judiciaires sous l'autorité des procureurs de la République compétents. Mais ce n'est jamais la police qui est à l'origine de ce qu'il se passe.
Depuis 2017, les policiers peuvent tirer s'ils estiment que "la personne en face d'eux risque de s'en prendre à des tiers dans sa fuite", dit la loi. N'est-ce pas trop flou ?
Non, absolument pas. Les cadres juridiques sont précisés dans le texte du code de la sécurité intérieure. La seule difficulté est opérationnelle. Quand vous êtes sur le terrain vous avez un quart de seconde pour réagir, pour décider ce que vous devez faire. J'ai moi-même été confronté dans ma vie professionnelle à une situation qui m'a amené à ouvrir le feu. C'est une situation extrêmement difficile. Il est toujours plus simple d'analyser, de décrypter après que les faits se soient commis, mais dans l'instant, c'est vraiment une décision très compliquée à prendre avec un certain nombre de paramètres qui interviennent.
En ce qui concerne le refus d'obtempérer de Nice, on voit que le policier tire sur le conducteur alors que la voiture semble à l'arrêt. Y avait-il un danger ?
Je ne peux pas parler de cette affaire en particulier. Dans une affaire comme celle-là et comme dans d'autres, c'est l'ensemble de l'action qui doit être analysée. Ce qui s'est passé avant, dans l'environnement, la perception qu'on put en avoir les policiers au moment de l'intervention. C'est vraiment une enquête difficile et complexe et je pense que le procureur de la République aura l'occasion de s'exprimer. Il m'est arrivé d'aller à des obsèques de policiers qui avaient été tués à la suite de refus d'obtempérer. Ce sont vraiment des situations très complexes et je me garderai bien de juger la manière dont les choses interviennent à chaud.