Terrorisme : la Côte d’Ivoire, l’Indonésie et le Mozambique voient ressurgir la menace jihadiste
Le club des correspondants vous emmène en Indonésie, en Côte d’Ivoire et au Mozambique. Trois pays qui voient ressurgir la menace jihadiste et subissent une résurgence des actes terroristes.
Au Mozambique, la ville de Palma attaquée par les jihadistes
Au Mozambique, le groupe État islamique a revendiqué lundi les attaques menées depuis près d’une semaine sur la ville de Palma, située dans le nord du pays, à la frontière avec la Tanzanie. La zone à majorité musulmane, riche en ressources gazières, est secouée par les violences jihadistes depuis 2017. Elles sont menées par un groupe qui se fait appeler "Al-Shabab" ("les jeunes" en arabe) et qui affirme être affilié à l'Etat islamique.Des milliers de personnes ont dû fuir Palma depuis ce week-end, alors que les autorités ont perdu le contrôle de la ville. Dans l’urgence, les habitants ont fui comme ils ont pu, certains à pied pour se mettre à l’abri dans la forêt, d’autres ont été évacués par bateau pour rejoindre la ville de Pemba plus au sud, et déjà surpeuplée de réfugiés. Le site gazier de Total, situé à quelques kilomètres et hautement sécurisé, a aussi vu affluer les civils. Le bilan de ces attaques est encore flou, et le ministère de la Défense confirme uniquement la mort de sept personnes qui ont tenté de fuir un hôtel assiégé. Il évoque cependant la possibilité de "dizaines de victimes" supplémentaires. Les ONG de leur côté s’inquiètent du sort de centaines de disparus.Les terroristes n'en sont pas à leur coup d’essai, et sont connus dans la région pour leurs attaques d’une grande violence. Le conflit couve en effet depuis des années. Le groupe terroriste se nourrit de la colère des jeunes et de la pauvreté qui touche cette province du Cabo Delgado, pourtant riche en ressources naturelles. Les attaques sanglantes dans les villages, qui se concluent souvent par des décapitations, ont fait depuis quatre ans près de 2 600 morts et plus d’un demi-million de déplacés. En août dernier, les autorités mozambicaines avaient déjà perdu le contrôle du port de Mocimboa da Praia. Ces violences ont poussé le groupe Total à suspendre une nouvelle fois ses activités dans la zone, alors qu’un méga projet gazier est censé voir le jour en 2024.
En Côte d’Ivoire, les forces de l’ordre visées par deux attaques
Il y eu deux attaques dans la nuit de dimanche à lundi dans le nord du pays, frontalier du Burkina Faso, dans une zone classée rouge par le Quai d’Orsay. Les forces de l’ordre étaient visées. La première attaque a eu lieu à Kafolo, à la lisière du parc national de la Comoé. Selon l’état-major ivoirien, les terroristes venus du Burkina Faso étaient au nombre de 60, et lourdement armés. Les combats avec les soldats ivoiriens ont duré une heure avec un bilan de deux morts, quatre blessés. Côté terroristes, il y a eu trois morts et quatre hommes interpellés. Du matériel logistique a été saisi et une opération de ratissage se poursuit. La deuxième attaque a eu lieu à Kolobougou, un peu plus à l’est. Un poste de gendarmerie a été ciblé et un gendarme a été tué, un autre blessé.
La Côte d’Ivoire est voisine du Mali et du Burkina Faso, deux pays très touchés par le terrorisme. C’est la troisième fois en cinq ans que le pays est ciblé. Un premier attentat a eu lieu en 2016, où 19 personnes ont été tuées dans la station balnéaire de Grand-Bassam. Il y a moins d’un an, au mois de juin, une attaque jihadiste contre des soldats avait fait 14 morts, déjà à Kafolo. Une attaque non revendiquée mais attribuée aux jihadistes. Aujourd’hui, le renseignement extérieur français affirme qu'Al-Qaida au Sahel développe un "projet d'expansion" vers le golfe de Guinée, en particulier la Côte d'Ivoire et le Bénin.
En Indonésie, une église visée par un attentat
En Indonésie, une bombe artisanale a explosé devant une église de l’île de Célèbes, en pleine célébration du dimanche des Rameaux. Les deux terroristes sont morts, et 15 victimes sont aujourd’hui à l’hôpital. Derrière cet attentat-suicide, il y a un homme et une femme. Il s’agissait d’un très jeune couple tout juste marié, l’homme était vendeur de rue dans cette ville de plus d’un million d’habitant où réside une importante communauté chrétienne. Tout deux étaient affiliés au groupe Jamaah Ansharut Daulah, une mouvance terroriste créée en 2015 dans une prison auprès d’un leader qui a prêté allégeance à Daech, aujourd’hui condamné à mort.
Depuis, ce groupe a régulièrement refait surface, dans l’actualité du pays qui compte le plus de musulmans au monde, avec des cibles et un mode opératoire assez typique, ce sont souvent la police, les garants de l’autorité et les églises qui sont visés. Il y a en général assez peu de préparation, les armes peuvent donc être souvent rudimentaires. Dimanche, c’était une bombe artisanale construite avec une cocotte-minute et des clous. En 2018, des katanas avaient été utilisé pour attaquer un poste de police. L’année suivante, un jeune couple armé d'un couteau avait tenté de tuer le ministre de la Sécurité et avait réussi à lui asséner deux coups à l’abdomen.
Le chef des renseignements avait alors confessé que les attaques de cette mouvance terroriste étaient compliquées à prévenir car ses cellules sont petites et ses actions souvent opportunistes. La loi a donc cherché à s’adapter, notamment après les attentats de Surabaya, qui ont traumatisé le pays en 2018 car trois couples de terroristes avaient inclus leurs enfants dans leurs projets d’attentat-suicide. Depuis les arrestations préventives sont facilitées, mais elles ne permettent pas toujours d’empêcher le pire. Par exemple, à Makassar, depuis le début de l’année, 20 arrestations avaient eu lieu.