TEMOIGNAGE. "Tombés amoureux grâce à la voile, nous nous sommes affrontés dans le Vendée Globe"
Ils s'admirent, ils s'aiment et ont eu un petit garçon. Classique ? Oui, mais Sam et Romain sont aussi tous les deux de grands champions des courses nautiques à la voile "en solitaire".
Le destin a vraiment fait tout son possible pour les unir, au printemps 2013. Au départ, pourtant, ce n'était pas gagné. Romain Attanasio, âgé de 44 ans aujourd'hui, avait suivi son père géologue et grand montagnard, et s'était sédentarisé dans la région parisienne. "Moi, explique Sam Davies avec son accent d'Anglaise à la Birkin, je suis née sur une île, avec des parents qui m'ont très vite mise sur un voilier, mais je n'imaginais tout de même pas en faire un métier."
Elle devient ingénieure, tandis que Romain découvre "tardivement" l'ivresse du grand large en Bretagne. "J'étais prêt à tous les sacrifices pour avoir une vie de marin, analyse-t-il. Mais je suis un passionné de l'objet bateau, de sa mécanique, Sam est vraiment une passionnée de la mer." Pour se payer ses premières courses, le jeune homme vit en camping zéro étoile, même en hiver. Sam, à 24 ans, est repérée pour ses talents de navigatrice dès 1998. C'est une course mythique, la Solitaire du Figaro, qui les réunit enfin.
"J'ai tout de suite flashé sur cette nana incroyable, digne de Florence Arthaud"
"J'ai tout de suite flashé sur cette nana incroyable, digne de Florence Arthaud, la première femme super marin du monde sur qui je fantasmais quand j'étais ado !, se souvient Romain, alors âgé de 27 ans. Mais j'ai dû ramer pour séduire Sam, je ne vous dis pas !" Sam, ça l'amuse, parce qu'elle est aussi posée qu'il est fantasque. C'est d'ailleurs ce qu'ils aiment l'un chez l'autre. Elle a craqué le jour où il lui fait la surprise d'aller l'accueillir au Brésil, à la fin de la Transat Jacques Vabre, après qu'elle a passé des semaines en mer.
"C'était une sorte de preuve d'amour qui a balayé les histoires que nous avions déjà "un peu" chacun de notre côté", sourit Sam. Dix-huit ans plus tard, la vie leur a donné raison, la mer aussi, au regard de leur palmarès. Ils ne la perdent jamais de vue, même quand ils ne sont pas dessus. La vie, c'est d'abord Ruben, 10 ans, et leur bonheur de vivre tous les trois à Trégunc, dans le Finistère. "Avoir une passion commune, ne pas envisager de vivre ailleurs que connecté à la mer, c'est essentiel", explique Romain.
"On n'a pas besoin de demander pardon de rentrer tard. On vit la même chose"
"On n'a pas besoin de demander pardon de rentrer tard parce qu'on a une avarie ou une réunion, on vit la même chose !", renchérit Sam. Leur petit Ruben comprend tout aussi bien. Sam a couru plusieurs fois le Vendée Globe tandis que Romain restait à terre. "J'ai la chance d'avoir un mari qui m'attend et donne une vie régulière à Ruben... Même si, quand je rentre, je retrouve mon fils dingue de pâte à tartiner, alors que c'est interdit !", souligne-t-elle.
Mais l'affaire s'est corsée lors du Vendée Globe 2020. Tous deux prenaient le départ, une première historique pour la course aussi. "J'ai de la chance, mes beaux-parents ont tout vendu pour habiter sur leur bateau. Ils n'ont qu'à jeter l'ancre pour venir garder Ruben", rit Romain. Et si, pour la prochaine course, il aura droit à un bateau aussi performant que Sam, avec des foils, une sorte d'ailes, il refuse la concurrence. "Je préfère qu'elle soit devant", conclut-il, royal. Quant à la peur pour l'autre, ils la dominent, répondant d'une seule voix : "Je sais que c'est un super marin !"
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