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Arts et People

TEMOIGNAGE. "Schizophrène, je me bats contre les préjugés sur cette maladie"

Enjouée et positive, Léa Chèze est très loin de l'image du schizophrène délirant. Pour tous ceux à qui la maladie fait peur, la jeune femme a écrit La Douce Voix du schizophrène. A 24 ans, Léa Chèze est une jeune femme comme les autres. A cette différence près qu'elle souffre de schizophrénie, une psychose qui touche 660 000 Français, mais est encore mal connue du grand public. Souvent associée à la folie, cette maladie fait peur. C'est pour faire disparaître ces préjugés que l'association Positive-Minders a lancé une campagne de déstigmatisation à l'occasion des journées de la schizophrénie organisées du 13 au 20 mars dernier (sur schizinfo.com). Mal comprise, la maladie est aussi très mal diagnostiquée. Léa a enduré de longues années de souffrance avant que la cause ne soit identifiée. "J'ai eu les premiers symptômes au début de l'adolescence, se remémore-t-elle. J'avais des épisodes dépressifs importants, mais aussi des phases de TOC et de manies. On me disait que j'étais stressée et dépressive, mais je n'avais pas de raison à mon mal-être. A l'âge de 17 ans, j'ai été hospitalisée dans un hôpital psychiatrique après avoir fait une tentative de suicide. Le psychiatre a alors enfin posé le diagnostic de troubles psychoaffectifs, ce qui signifie que je souffre à la fois de schizophrénie et de bipolarité." "J'ai compris que, même avec la schizophrénie, je pouvais mener une vie la plus normale possible" Un diagnostic qui, dans un premier temps, la glace. "Au fond de moi, je savais que j'avais une maladie mentale parce que, vers 16 ans, j'ai commencé à avoir des hallucinations à la fois visuelles et auditives. Quand on m'a appris le diagnostic, j'ai eu un choc. J'avais en tête les préjugés sur la schizophrénie. J'avais peur d'être tout simplement folle et d'être dangereuse pour les autres. Au fil des années, j'ai compris que la maladie n'avait rien à voir avec cela et qu'on pouvait mener la vie la plus normale possible en se stabilisant grâce à des médicaments", explique Léa qui rappelle que les voix et les hallucinations ne sont que des symptômes parmi d'autres de la maladie. "Ce ne sont pas ces manifestations qui me gênaient le plus, car elles n'étaient pas oppressantes. Elles étaient plus comme des guides et m'apaisaient presque parce que mes choix étaient plus ou moins dictés. Les symptômes les plus dérangeants étaient la dépression et les manies. J'avais aussi l'impression d'être suivie en permanence par des présences." Désormais Léa est dite "stabilisée" grâce à ses traitements et aux échanges avec ses psychiatres et ses psychologues. "Les antipsychotiques et la méditation m'ont beaucoup aidée à réduire ces hallucinations. Je suis sous anxiolytiques, parce que je suis très stressée, et également sous antidépresseurs pour ne pas chuter", détaille-t-elle. "J'ai l'espoir de pouvoir travailler un jour, quand je serai mieux stabilisée" Hélas, si les traitements empêchent les hallucinations de survenir, ils provoquent une immense fatigue. "Je ne travaille pas pour le moment. J'ai des moments de fatigue extrême durant lesquels je dois me reposer. Cependant, j'ai l'espoir de pouvoir travailler un jour quand je serai mieux stabilisée", raconte la jeune femme qui a tout de même décroché son bac, avec mention, l'année où a été posé le diagnostic. Depuis, elle se passionne pour l'art et le design. Pleine de projets, elle s'est aussi donnée comme mission de raconter sa maladie. Ainsi est né son ouvrage, La Douce Voix du schizophrène (https://www.coollibri.com/bibliotheque-en-ligne/ lea-cheze/la-douce-voix-du-schizophrene_130021). "J'ai décidé d'écrire ce livre pour démystifier la maladie, mais aussi apporter un peu d'espoir aux familles qui ne comprennent pas ce que vit leur proche et les aider et à entrer dans son monde. J'ai très envie que les personnes qui ne connaissent absolument rien à la schizophrénie puissent s'informer, afin de lutter contre les amalgames et les préjugés." "Je suis heureuse d'avoir quelqu'un qui partage ma vie, mais je ne me pose pas de questions sur la maternité" Subir le regard des autres a été l'un des éléments les plus difficiles pour Léa. "On m'a souvent dit que j'étais dangereuse. C'est ce qui m'a fait le plus mal. J'ai perdu beaucoup d'amis quand le diagnostic a été posé, alors qu'ils m'avaient toujours connue avec cette particularité. Ils ont préféré m'éviter plutôt qu'aborder le sujet avec moi. Or on ne résume pas une personne à une maladie", explique Léa qui, pour l'instant, vit au jour le jour. "J'ai beaucoup de projets, mais je ne me projette pas. Je suis heureuse d'avoir quelqu'un qui partage ma vie, mais je ne me pose pas de questions sur la maternité, par exemple. Je laisse venir les choses", conclut la jeune femme avec une sagesse et un recul qui forcent le respect. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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