TEMOIGNAGE. "Pour que mon fils autiste, abandonné par le système scolaire, soit pris en charge, je vais partir en Belgique"
Cela fait maintenant neuf longues années que Céline Le Roux se démène pour son fils autiste. Dans une situation financière délicate, cette maman courageuse a décidé de s'exiler de l'autre côté de la frontière pour qu'Antoine s'épanouisse enfin dans une école adaptée.
Souriant et enjoué sur les photos, Antoine, 9 ans, ressemble à tous les enfants de son âge. A la différence qu'il n'a jamais été invité à un anniversaire ni même à un goûter par ses camarades. Dès sa naissance en 2011, sa maman a compris qu'il était différent et que les interactions avec les autres enfants seraient difficiles. L'entrée en maternelle ne fait malheureusement que confirmer la situation : Antoine n'arrive pas à se canaliser et à se concentrer. "Je suis mère célibataire, les enseignants me disaient qu'il était mal élevé et que je lui cédais tout", explique Céline Le Roux, 41 ans.
Elle consulte alors plusieurs psychologues qui déclarent que son fils n'a rien. Pourtant, en 2016, un neurologue découvre qu'Antoine souffre d'un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et d'une dyspraxie (trouble d'acquisition de la coordination). Un diagnostic peu rassurant pour cette maman isolée qui doit arrêter de travailler pour s'occuper de son garçon. "J'étais persuadée qu'il avait une autre pathologie, mais je me sentais très seule, car aucun professionnel ne m'écoutait ni ne me comprenait."
Son institutrice ne souhaitait pas qu'Antoine termine l'année scolaire
Le chemin de croix n'est pas terminé. En août 2019, Céline est convoquée par le service de protection maternelle et infantile (PMI) de sa ville après un signalement anonyme. Elle est persuadée qu'une voisine l'a dénoncée. "Elle me disait souvent que mon fils parlait fort... mais il n'a pas de filtre. Elle me reprochait de crier. Je reconnais que je suis parfois à bout de nerfs. Antoine dort très peu à cause de son TDAH et je ne peux pas le laisser une minute sans surveillance", se désole Céline. Cette épreuve va paradoxalement faire avancer les choses. Céline demande à l'assistante sociale et à la puéricultrice de la PMI de faire passer un test autistique à son fils.
En février 2020, le diagnostic du Centre Ressource Autisme de Normandie tombe enfin. Antoine souffre du syndrome d'Asperger, qui entre dans la catégorie des troubles du spectre autistique. Sa mère monte un dossier pour qu'un(e) auxiliaire de vie scolaire (AVS) accompagne l'enfant à l'école, mais sa demande est refusée, car le petit garçon a, comme tous les autistes Asperger, une intelligence normale voire supérieure. Ses journées sont très particulières. "La maîtresse n'a pas le temps de s'occuper de lui, tandis qu'il a besoin d'avoir une personne pour le cadrer, l'aider à organiser son travail et lui expliquer les consignes. Alors Antoine passe ses journées à colorier et, le soir, il oublie systématiquement ses devoirs. A la fin du premier confinement, l'institutrice m'a dit qu'elle ne souhaitait pas qu'il termine l'année scolaire, car elle ne s'estimait pas capable de lui faire respecter les consignes sanitaires", soupire Céline.
Céline a lancé une cagnotte sur Leetchi pour financer son déménagement
En septembre 2020, usée psychologiquement, elle décide de tout quitter pour s'installer avec son fils en Belgique, où l'autisme est très bien pris en charge. Cette mère courage, qui ne vit que grâce à l'allocation aux parents d'enfants handicapés (AEEH), a trouvé une école qui utilise l'approche TEACCH (Traitement et éducation des enfants autistes ou atteints de troubles de la communication associés). "Antoine sera dans une classe de dix enfants, encadrés par deux instituteurs et un éducateur. Pris en charge médicalement, il fera de la natation et de l'équithérapie." Céline a aussi trouvé un logement en France à 40 minutes de l'école.
En grande difficulté financière, elle a lancé une cagnotte sur Leetchi (www.leetchi.com/c/un-avenir-meilleur-pour-antoine) pour financer son déménagement et elle n'attend désormais qu'une seule chose : que sa demande de prise en charge d'un taxi pour déposer son fils à l'école soit acceptée. Elle vient en effet d'apprendre qu'elle est atteinte d'un cancer du col de l'utérus et elle a besoin de penser un peu à elle. "Je suis à bout de souffle et de force. Mais mon fils est toute ma vie", explique Céline, qui se battra jusqu'au bout pour qu'Antoine ait une vie la plus normale possible.
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