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Arts et People

TEMOIGNAGE. "Notre fille Wissem s'est évanouie dans la nature en juillet 2019"

Wissem avait 16 ans quand elle s'est volatilisée. Persuadés qu'il ne s'agit pas d'une disparition volontaire, ses parents s'opposent à la police qui a perdu des mois dans son enquête. "La dernière fois que j'ai vu Wissem, le matin du 31 juillet 2019, elle partait au travail, chez Body Minute, avec 7 € en poche et pas de papiers d'identité. Qui peut croire à une fugue ? A une disparition volontaire ?", soupire Samira, dans le combat pour la vérité plus que dans la colère stérile. Il y aurait pourtant de quoi. Au commissariat, le soir même à minuit, on a simplement catalogué l'absence de la jeune fille comme disparition inquiétante sans qu'aucune information judiciaire ne soit ouverte. "On nous a dit : 'C'est classique, c'est une fugue, elle reviendra après ses vacances d'été !'" Un dysfonctionnement manifeste, souligne Maître Arash Derambarsh, avocat arrivé dans le dossier en mars 2020, qui s'est battu pour que cette absence ait l'enquête qu'elle mérite : "C'est une situation hélas courante dans les disparitions de mineurs, et elle est inacceptable. J'ai déposé une plainte contre X pour enlèvement et séquestration au tribunal d'Evry, mais l'on sait que le temps perdu est une perte de chance. Les premiers jours d'une enquête sont capitaux !" Le jour de sa disparition, l'adolescente avait rendez-vous avec un jeune rencontré sur les réseaux sociaux Dès que le patron de Wissem a prévenu, à 16 heures, qu'elle ne s'était pas présentée le matin à l'institut situé à Villabé, non loin d'Evry où habite la famille, au sud de Paris, les parents se sont inquiétés. Plus encore quand ils ont géolocalisé le portable à Bezons, en pleine banlieue nord. Wissem est une fille sérieuse, qui aime son travail, s'entend bien avec son petit frère, sa petite sœur et ses parents, un couple d'aide-soignante et d'électricien. "Elle avait juste un problème, soupire sa mère, c'est qu'elle était très confiante, fragile, pas capable de se défendre si on l'agressait. Elle était persuadée que tout le monde était gentil..." L'hypothèse de la mauvaise rencontre les hante immédiatement, quand la police veut la croire à la plage, hors de toute logique. Qu'aurait-elle fait à Bezons ? Pourquoi son téléphone n'émet-il rapidement plus aucun signal ? Ce sont les parents qui vont devoir jouer les enquêteurs, exploitant ce qu'ils savent de sa vie de jeune fille : un amoureux vu une fois qu'ils contactent par Facebook. Elle l'a appelé le matin, puis plus rien. Mais ils découvrent surtout qu'elle avait rendez-vous avec un jeune rencontré deux jours plus tôt sur les réseaux sociaux. "Elle n'avait un téléphone que depuis un mois, et c'est peut-être ce qui l'aura perdue...", soupire Samira. Son petit copain n'a jamais été entendu "sous prétexte qu'il ne s'est pas présenté à sa convocation et qu'ils ne savent pas où le trouver", s'agace la maman, qui pense que la police a moyen de contraindre ! Quant au jeune fraîchement rencontré, il a été entendu une seule fois et a révélé avoir déjeuné avec elle dans un restaurant McDonald's. "Mais en plein déjeuner, il serait allé faire une course et, à son retour, ma fille aurait disparu !, dit Samira. Le jour d'un rendez-vous, vous partez en courses au milieu du repas, vous ?" "Les disparitions des 15-18 ans sont traitées avec une légèreté qui relève du dysfonctionnement !" Wissem serait-elle tombée dans un guet-apens ? L'un des deux garçons a-t-il un rapport avec sa disparition ? A-t-elle été dupée par un inconnu et embarquée dans un trafic d'êtres humains ? "Nous faisons toute confiance à la juge d'instruction enfin désignée, assure Maître Derambarsh, mais il est scandaleux que les disparitions des 15-18 ans soient traitées avec une légèreté qui relève du dysfonctionnement !" Avant de nouvelles investigations très attendues, la famille multiplie les opérations médiatiques. Au printemps dernier, grâce à des internautes solidaires de toute la France, un placardage d'affiches a animé les réseaux sociaux (sur Facebook : Retrouvons Wissem Abdelaoui et sur Instagram : @ouestwissem) afin que le visage de Wissem ne soit plus inconnu de personne, jusque dans les pays frontaliers. "On a aussi diffusé des messages pour notre fille elle-même, en lui disant que, quoi qu'il lui soit arrivé, volontairement ou non, la porte est ouverte et on ne lui demandera rien. La serrer dans nos bras effacera tout", insiste Samira, dont l'énergie et la ténacité forcent l'admiration. La famille ne part plus en vacances, ne déménage pas, ne change pas de numéro de téléphone et vit portable branché 24 heures sur 24, des fois que Wissem se manifeste, ou un témoin. "Le pire, on refuse d'y penser, parce qu'il faut garder toutes nos forces pour la retrouver !", assène la mère courage, dont l'énergie pourrait déplacer des montagnes. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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