TEMOIGNAGE. "Je suis HPI et ma vie ne ressemble pas à celle de la série"
TF1 en a fait une fiction à succès, mais pour Chloé, c'est sa réalité au quotidien, et une partie de son travail. Blogueuse et auteure de BD, elle s'applique à briser mythes et clichés sur le sujet !
Haut potentiel intellectuel : le sujet fascine, si l'on en croit le succès phénoménal de HPI, la série de TF1 qui a réuni 40 % des téléspectateurs (soit 10 millions de personnes) à chacune de ses diffusions en mai dernier, un chiffre jamais atteint pour une fiction... depuis les années 1990 ! "La curiosité est systématique, confirme Chloé Romengas, avec des réactions très différentes qui vont du rejet à la fascination admirative, en passant par la jalousie ou l'incrédulité. S'il est donc inutile de le dire à tout le monde, il est en revanche capital de le savoir !"
Chloé elle-même n'a su qu'elle était HPI qu'en 2015, à l'âge de 25 ans, lorsqu'un énième employeur, étonné de son besoin de changement permanent, lui a alors conseillé de consulter. Après un test de QI (bilan WAIS) avec une psychologue spécifiquement formée pour, elle a reçu un chiffre - 140 de QI - mais surtout une analyse de la façon qu'elle avait de répondre aux questions et aux problèmes rencontrés, ainsi que des facultés hors du commun qu'elle démontrait sur certains exercices.
"Je mémorise toutes les plaques d'immatriculation... mais pas où j'ai laissé ma voiture !"
"Non, je ne calcule pas le montant de mon Caddie en vingt secondes comme Audrey Fleurot, je suis nulle en calcul mental !, détaille Chloé. En revanche, je mémorise toutes les plaques d'immatriculation... mais pas où j'ai laissé ma voiture. La vraie particularité, c'est une curiosité insatiable, l'ennui qui vient très vite, le besoin d'excitation intellectuelle, d'apprendre", poursuit la jeune femme. Dans son cerveau en ébullition, plein d'idées se précipitent et se croisent.
"On peut croire que je passe du coq à l'âne mais, dans mon esprit, c'est logique !" Les seuls qui suivent, ce sont les autres HPI, qu'elle rencontre pour brosser le meilleur état des lieux possible et créer ses BD, Rayures et Ratures. "Parce que j'en ai souffert en essayant de me contrarier à être comme tout le monde. J'ai fait une école de commerce, travaillé en entreprise, où je me lassais toujours", explique Chloé. Au fil des ans, elle constate que nombre des HPI avec qui elle échange essaient d'entrer dans le moule, en canalisant leur hyperactivité ou en se reprochant de ne pas savoir lâcher quand ils se trouvent une passion.
"La légende inverse, c'est d'imaginer qu'on est asocial, cancre ou dépressif parce que HPI !"
Souvent créatifs, intuitifs et hypersensibles, ils ne sont pas forcément faits pour les études académiques ou destinés à devenir Einstein, mais... "La légende inverse, c'est d'imaginer qu'on est asocial, cancre ou dépressif parce que HPI", rit Chloé, qui avoue tout de même avoir ressenti une pointe d'angoisse après le diagnostic. "Suis-je condamnée au malheur ?" Après avoir bien analysé la question, elle a pris du recul et s'est "débloquée", pour trouver sa vraie voie. Bizarre elle était, bizarre elle resterait !
Et elle s'est lancée dans la BD éducative sur les HPI, mais aussi sur d'autres sujets scientifiques qu'elle tient à vulgariser, comme les maladies invisibles. Elle travaille chez elle, concentrée sur ses dessins et ses textes pleins d'humour. Elle vit en couple avec Thomas, "pas HPI ! Et on n'en parle jamais, c'est une petite particularité, c'est tout !" Modeste et tranquille, elle est également timide, loin de l'héroïne tapageuse de TF1. "Mais je ne critique pas, il y a autant de personnalités que de HPI, et si ça peut pousser à se faire diagnostiquer..."
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