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Arts et People

TEMOIGNAGE. "Je suis cascadeur depuis 45 ans : la peur, c'est ce qui vous fait faire des conneries"

Il a cassé plus de 3 000 voitures... mais personne ne conduit mieux au monde ! Jean-Claude Lagniez a fait les cascades de 1 500 films. Quand il nous donne des leçons d'(in)conduite, on ne l'arrête pas ! Vous l'avez peut-être aperçu dans un James Bond en train de doubler Roger Moore, ou dans Balle perdue sur Netflix, à mois que ce ne soit dans Rien à déclarer de Dany Boon. Sans jamais l'identifier. Mais après avoir fait les cascades de 1 500 films, Jean-Claude Lagniez ne manque pas d'anecdotes. Comme cette période où lui, le cascadeur viril, a vécu "en blonde platine quelques semaines, parce que ma coiffeuse s'était égarée sur la couleur de cheveux de Gérard Depardieu que j'étais censé doubler", raconte-t-il. Il a été bon pour une perruque ! Il s'est jeté dans des ravins, accumulant les tonneaux pour tomber dans un fleuve ou s'enflammer, précisant, en pro du risque : "L'eau, c'est plus dangereux que le feu, car le feu s'éteint quand on a bien préparé le coup, tandis que le comportement d'une voiture qui chute dans l'eau est absolument imprévisible... ou presque. Pas question de risquer une noyade, ce serait une faute professionnelle et un drame pour l'équipe comme pour le budget du film !" "Les moniteurs d'auto-école qui crient 'Attention !' pour un clignotant oublié, ça m'inquiète" Le métier de Jean-Claude, c'est de la magie à l'écran, et de l'expertise physique-chimique-statistique pour tout préparer. La sécurité, c'est sa base fondamentale, ce qui fait qu'il est encore là pour nous en parler. Taux de résistance de la taule contre taux de résistance du pilier de pont à "embrasser", le tout paramétré par la vitesse, la météo, le terrain, etc. Cette passion de casse-cou cache un travail intellectuel et, surtout, une grosse concentration au volant, loin de ce qu'on croit devoir savoir pour conduire. "Les moniteurs d'auto-école qui crient 'Attention !' ou s'insurgent pour un clignotant oublié, ça m'inquiète. Bien savoir conduire, c'est maîtriser son véhicule, se maîtriser, et surtout, ne pas avoir 'peur'. La peur, c'est ce qui vous fait faire des conneries, l'inattention, ce qui provoque les accidents", enseigne Jean-Claude Lagniez. Dans la vraie vie, il n'en a jamais eu, sauf une fois à moto quand il s'est fait percuter. "Je ne saurais pas vivre sans l'adrénaline de mon métier, je n'arrêterai jamais !" Son métier lui a même permis d'éviter des accidents, comme la fois où il a croisé un bolide à contresens sur l'autoroute. Né un volant entre les mains, avec des parents fans de rallye, il a couru, chaque année depuis 1975, aux 24 Heures du Mans. Sauf depuis la pandémie, qui prive aussi sa société, Ciné Cascade International, d'autant de tournages qu'il le voudrait. Car, à 73 ans, Jean-Claude Lagniez n'est pas près de passer le volant, sauf parfois à ses deux fils, cascadeurs eux aussi : "Je ne saurais pas vivre sans l'adrénaline de mon métier, je n'arrêterai jamais !" Dans son bureau, la table basse est un pneu de Formule 1. Et dans son "jardin", les carcasses de voitures ne sont pas des épaves, mais des trophées qui racontent chacun un morceau d'histoire du cinéma. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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