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Arts et People

TEMOIGNAGE. "Je me bats pour que les piscines soient sécurisées depuis que mon fils est mort noyé"

Avoir une piscine, c'est le rêve ! Sauf pour les parents dont un enfant se noie. Après avoir vécu ce cauchemar, Laurence a lutté pour que ce ne soit plus une fatalité. Le 10 juillet 1996, Laurence Pérouème, alors jeune maman, a vécu l'impensable. Son petit garçon Benoît, âgé de 16 mois, se noie dans une piscine. "Parce qu'il a suffi de quelques secondes d'inattention liées à un concours de circonstances, comme dans la très large majorité des cas, soupire Laurence, 57 ans aujourd'hui. Il y a très peu de parents irresponsables, mais beaucoup trop qui pensent : 'Nous, ça ne nous arrivera pas, on fait attention !'Hélas..." Afin de surmonter cette douleur indescriptible, la jeune maman s'est engagée : elle voulait sauver les autres enfants de cet accident atroce et a créé l'association Sauve-qui-veut, un an après la noyade de son fils. Une tragédie qui frappait alors une trentaine d'enfants par an, l'équivalent d'une classe entière de maternelle ! "Quand j'évoquais notre drame, je découvrais que tout le monde connaissait un voisin, un ami, un grand-parent, qui avait vécu la même chose, et aucune sécurisation n'était obligatoire en France", explique Laurence. Désormais, tout propriétaire d'une piscine non sécurisée encourt une amende de 45 000 € et des poursuites pénales Elle écrit alors aux députés, aux sénateurs, dont Jean-Pierre Raffarin. Il fait partie de ceux qui connaissent "quelqu'un qui..." et lui permet de lancer une campagne de sensibilisation. Mais les affiches ne suffisent pas. "On a compris qu'il fallait une loi, mais les piscinistes se sont montrés très récalcitrants et inquiets : ils nous accusaient de casser le rêve en exigeant des barrières à portillon ou des abris. Mon but était au contraire de préserver ce rêve, pour les autres. On a dû pourtant faire des concessions." Laurence n'était pas enthousiasmée par les couvertures de sécurité - que personne ne remet en journée - ou pire, par l'alarme, que les gens passent leur temps à couper afin de pouvoir se baigner quand ils veulent. Heureusement, en 2002, Jean-Pierre Raffarin est nommé Premier ministre, et fait voter une loi dès l'année suivante. Depuis, tout propriétaire d'une piscine non sécurisée encourt une amende de 45 000 € et des poursuites pénales. Résultat : les accidents ont diminué de 50 %, alors que le parc des piscines a doublé en dix ans, atteignant presque 3 millions en France. Mais les bassins et piscines gonflables ne sont hélas pas concernés par ces mesures. "Certains enfants secourus restent atteints de séquelles neurologiques irréversibles" "Je vois encore trop d'accidents se produire parce qu'on ignore qu'un enfant se noie dans 20 cm d'eau en moins de trois minutes. Et, à côté des décès, on ne parle pas des enfants secourus qui restent atteints de séquelles neurologiques irréversibles à cause de l'asphyxie cérébrale." C'est parce qu'un enfant est un explorateur, ignorant du danger, rapide et incontrôlable, que Laurence a étendu son action de sensibilisation aux accidents domestiques. Aujourd'hui, elle écrit des albums jeunesse, comme Hugo est un superhéros (éd. du Ricochet), des livres sur le deuil et la reconstruction, et anime des ateliers en maternelle (laurenceperoueme.com et sauvequiveut.asso.fr). Maman de deux garçons de 27 et 23 ans et d'une fille de 21 ans, elle s'est appliquée à les élever sans les surprotéger. Parce qu'elle le répète inlassablement : "La sécurité n'est pas la phobie. Juste un rempart au malheur évitable." Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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