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Arts et People

TEMOIGNAGE. "J'organise des stages pour aider les auteurs de violences conjugales à changer"

Sa mission ? Informer et aider des hommes et des femmes dont la violence a débordé et à qui la justice offre une chance de changer. Lorsque Christine de Freslon se retrouve face à sa dizaine de stagiaires, elle sait que tous ne changeront pas radicalement après leurs quarante-huit heures d'information et de dialogue. Mais si le procureur les envoie à l'A.D.A.J. 22, Association départementale d'alternatives judiciaires des Côtes-d'Armor ([email protected]), c'est parce que le stage, qu'ils paient 250 €, est une alternative potentiellement suffisante aux poursuites en correctionnelle. "Ma mission est de les aider à évoluer puisqu'ils y sont jugés aptes. Ma nature optimiste me pousse à y croire : oui, j'ai vu des hommes en finir avec l'histoire qu'ils se racontent, une femme qui les a 'poussés à bout', la 'soupape' qui a sauté, et toutes les mauvaises 'raisons' qu'ils donnent. Leur tort, indiscutable, est un délit pénal !" Laparole des victimes s'est libérée, des femmes en majorité, mais aussi des hommes. Depuis deux ans, à chaque stage, Christine reçoit en effet une ou deux femmes : "Elles n'usent pas de leur force physique, mais du premier objet qui leur tombe sous la main." Le point commun de tous ces stagiaires est l'incapacité à verbaliser. Pour Christine, il faut "cesser de voir le couple comme un rapport de force" Quand ils se présentent, assis en cercle, ils interprètent mal ce que la société et leur conjoint leur demandent. "C'est bon, maintenant je vais écraser et puis voilà !" lâchent-ils souvent. Christine les corrige : "On attend d'eux le contraire ! Cesser de voir le couple comme un rapport de force." Après trente-sept ans de vie conjugale et vingt-cinq ans de médiation familiale, elle sait que la vie à deux n'est pas un long fleuve tranquille. "Il est salutaire de dire quand ça ne va pas, en soi ou dans la relation. Si c'est la relation en elle-même qui est toxique, certains l'accusent, on peut tout à fait l'entendre. Mais ils doivent en tirer les conséquences, savoir rompre, même s'il y a les enfants, la maison, etc. Aucun obstacle, aucun 'motif', que ce soit le chômage, le patron, les difficultés financières, le caractère de l'autre ou son comportement ne peuvent légitimer la violence." 90 % des participants ont trouvé la clé pour ne jamais recommencer. En binôme avec une collègue, Christine encourage les participants à se livrer et à dialoguer entre eux. Plusieurs intervenants extérieurs apportent aussi leur éclairage : la gendarmerie rappelant la loi, une psychologue formée en alcoologie, des spécialistes qui diffusent un petit film sur la violence psychologique ou l'impact sur les enfants. "Le but est que les stagiaires identifient des solutions à mettre en œuvre grâce aux adresses que nous leur donnons. Si le verre de trop a facilité le passage à l'acte, l'objectif peut être de renoncer à l'alcool, que la personne soit alcoolique ou juste hors de contrôle dès qu'elle boit. Ils peuvent également avoir besoin d'aller vider leur sac chez un psy." Selon des statistiques relevées dans les départements-pilote, la plupart des auteurs ont perdu leurs certitudes à l'issue du stage et 90 % ont trouvé la clé pour ne jamais recommencer. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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