TEMOIGNAGE. "J'ai frôlé la mort à cause d'un choc toxique provoqué par ma cup menstruelle"
Le syndrome du choc toxique menstruel est rare, parfois mortel et laisse des séquelles. Rescapée, Sandrine Graneau se bat pour informer autour des protections hygiéniques internes...
C'est ce qu'on appelle une intuition. Ce soir du 10 avril 2019, comme elle le raconte dans son livre Choc toxique - Faut-il avoir peur des protections hygiéniques ? (éd. Flammarion), Sandrine Graneau est loin de s'imaginer que sa vie va basculer alors qu'elle n'a que des maux de ventre. "Comme j'étais en fin de règles, je me suis dit que c'était peut-être ma cup menstruelle qui me gênait. Je l'ai donc enlevée, mais mon état s'est aggravé. J'ai dit à mon mari : 'Je fais peut-être un choc toxique'", explique cette infirmière libérale, alors âgée de 36 ans et maman de trois enfants.
Sandrine et son mari, Guillaume, appellent deux fois SOS Médecins. "Avec le médecin, nous avons d'abord écarté la possibilité que c'en soit un. Mais les symptômes sont apparus progressivement dans la nuit : diarrhée, vomissements, puis fièvre et enfin chute de tension." A 5 heures du matin, la jeune femme est emmenée à l'hôpital. Elle vient d'être victime d'un choc toxique. Cette maladie infectieuse aiguë est liée à la présence d'une bactérie, le plus souvent le staphylocoque doré, dans l'organisme. Le port prolongé de protections menstruelles intravaginales, comme les tampons ou les cups, peut favoriser son développement.
Ses pieds sont amputés, puis une partie de ses mains
Extrêmement faible, Sandrine est placée en coma artificiel, intubée et ventilée. Elle y restera pendant cinq jours. Elle fait une pneumonie et un œdème pulmonaire. Quand elle se réveille, elle est victime de terribles hallucinations en raison des effets secondaires des médicaments. "C'est horrible. Le coma est tellement plus doux. J'ai vu et entendu des choses atroces qui étaient proportionnelles à la violence de ce que mon corps subissait", raconte la jeune femme.
Dès le lendemain, ses mains et ses pieds commencent à changer de couleur. La bactérie produit une toxine qui peut provoquer une gangrène des extrémités, voire un arrêt des organes vitaux : elle doit subir une quadruple amputation. Sandrine Graneau doit alors annoncer à ses enfants, et surtout à son fils de 13 ans, Adrien (né d'une précédente union), qui a déjà eu la douleur de perdre son père, qu'elle va être privée d'une partie de ses membres. Elle apprendra plus tard qu'une fois sorti de l'hôpital, l'adolescent est allé hurler sa colère sur le parking. "Je suis transparente dans mes émotions et je ne supporte pas le mensonge. Je pense qu'il faut dire la vérité aux enfants en utilisant les bons mots. Je savais que ce serait difficile pour lui, mais aussi que j'étais la mieux placée pour le faire", précise Sandrine.
Le chirurgien a pu conserver une phalange à chaque doigt
Le 11 juin 2019, ses pieds sont amputés, trois semaines avant l'ablation d'une partie des doigts de ses mains. La première opération est terrible. "Je ne pensais pas qu'on pouvait souffrir autant. Pendant 48 heures, mon mari appuyait à ma demande toutes les cinq minutes sur la pompe à morphine. Rien ne pouvait me calmer." La deuxième opération est, à son grand soulagement, plus "douce". "Un parcours de santé par rapport à la première ! Je me suis sentie comme dans un cocon et, coup de chance, la douleur a été très bien maîtrisée. D'autre part, j'ai eu la bonne surprise de découvrir que le chirurgien avait pu conserver une phalange à chaque doigt".
En août 2019, le travail de rééducation commence dans un centre où elle a la chance de ne rester qu'en journée. "C'était compliqué pour une femme de mon âge car, dans ces centres, il n'y a pas beaucoup de jeunes, mais des hommes âgés, diabétiques ou arthritiques, qui finissent par se faire amputer. Au début, je me sentais un peu seule, mais l'un d'entre eux, assez extraverti, m'a sauvée et a facilité les échanges. Je m'y suis fait des amis."
Sandrine se mobilise pour informer sur les protections hygiéniques internes
Aujourd'hui, Sandrine Graneau se mobilise sur une page Facebook (Dans mes baskets) pour informer sur le choc toxique et également communiquer sur le handicap. "Je fais de la prévention notamment auprès des jeunes femmes qui sont en attente d'informations. J'espère que mon livre permettra de convaincre qu'il faut faire attention et remettre en question nos pratiques", poursuit Sandrine.
Ce qu'elle aimerait vraiment serait que les fabricants de protections hygiéniques internes fassent eux aussi preuve de pédagogie. "La vraie solution, c'est de libérer la parole et de marteler qu'on ne peut pas dire tout et n'importe quoi sous prétexte de vendre des produits." Le message est passé !
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