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Arts et People

TÉMOIGNAGE. “J'ai dû expliquer à mon père que les images pornographiques de moi sur Internet étaient fausses”

Cyberharcelée, l'Anglaise Jamie Klingler a été prise pour cible par des trolls qui ont créé et partagé des photomontages dégradants sur les réseaux sociaux. Militante chevronnée des droits des femmes, l'Anglaise Jamie Klingler, 43 ans, est la cofondatrice du mouvement Reclaim These Streets (Récupérez ces rues). Une action citoyenne née à la suite du meurtre, en mars 2021, de Sarah Everard, 33 ans, enlevée, violée et assassinée alors qu'elle rentrait à pied d'un dîner chez des amis, à Londres. Son meurtrier, un policier, a été condamné à la prison à vie. Ce meurtre "de trop" avait provoqué une vive émotion et, sur les réseaux sociaux, des milliers de femmes avaient partagé leur sentiment d'insécurité dans les rues de Londres. En ce début 2022, Jamie a découvert que la violence et les agressions sont aussi perpétrées en ligne. Des proches l'informent de l'existence d'un faux compte sur Instagram ouvert en son nom : pour lui nuire, un cyberharceleur diffuse des photomontages pornographiques avec son visage. "C'est très violent, une véritable maltraitance. La raison pour laquelle c'est si douloureux, c'est que c'est une mise en scène sexuelle explicite et crue, et que je suis une femme", détaille Jamie, choquée. Obtenir la suspension d'un compte frauduleux est bien trop long Méticuleusement, le harceleur a contacté tous ses amis et sa famille, y compris ses parents. "Devoir appeler mon père pour lui dire que ce n'était pas moi, ni mon vagin, sur ces photos est l'une des conversations les plus embarrassantes que j'ai jamais eues." En plus de ces fausses images dégradantes, le compte propose un lien vers un faux compte FanCentro — une plateforme d'abonnement couramment utilisée pour vendre des prestations sexuelles tarifées — à son nom. Un post promet même du "contenu coquin" et quelque chose "d'un peu plus personnel pour les vrais fans". Jamie signale bien sûr immédiatement les deux comptes frauduleux mais, à son grand désarroi, il faudra plus de dix heures pour que leur suppression soit effective. Cette terrible expérience a été pour elle une prise de conscience de la violence psychologique extrême subie par les victimes de cyberharcèlement et de revenge porn (ce délit à caractère sexuel qui est puni en France de deux ans de prison et jusqu'à 60 000 € d'amende). "Les lois doivent rattraper leur retard en termes de pornographie vengeresse" L'activiste a battu le rappel de ses 18 000 followers sur Twitter : "Les lois doivent rattraper leur retard en termes de pornographie vengeresse et de comportement frauduleux qui reposent sur la misogynie." Elle a lancé une pétition sur Instagram (Make Instagram Prioritise Victims of Impersonation qui frôle les 70 000 signatures) pour que les réseaux sociaux, tels Instagram, TikTok, Snapchat ou Facebook "désactivent immédiatement les comptes signalés, puis enquêtent sur les faits, plutôt que d'attendre qu'un certain volume de signalements soit atteint pour suspendre les comptes". Un nouveau combat contre les violences faites aux femmes qu'elle entend bien gagner. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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