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Arts et People

TEMOIGNAGE. "J'ai arrêté mon train devant une femme qui voulait se suicider. J'aimerais la retrouver"

Conducteur à la SNCF, Sébastien a empêché une femme de se suicider. Bouleversé, il lui a écrit des mots poignants sur Twitter et souhaite désormais la contacter pour lui redonner goût à la vie ! Le 3 février dernier, un peu avant 23 heures, Sébastien Deschamps arrive en gare de La Défense, en région parisienne, sur la ligne U. Pour ne pas aveugler ses collègues, il a coupé les projecteurs de son train. Cet homme de 47 ans conduit depuis deux ans, après vingt ans à la SNCF. Encore un trajet retour et il retrouvera sa femme Morgane et Nolan-Eden, son fils de 6 ans. Mais à 150 m devant la cabine, dans la nuit du tunnel, la ligne métallique du rail lui semble coupée par "une masse"... En une fraction de seconde, Sébastien applique la procédure : de la main gauche, appuyer sur le frein alors que, par chance, il vient de décélérer pour entrer en gare ; puis écraser le bouton d'urgence et actionner le sifflet d'alarme ; de la main droite, actionner le signal radio qui arrête les trains à 3 km alentour et déclenche l'alerte lumineuse. "Mais un train ne s'arrête pas comme une voiture... Et quand j'ai mis pleins phares, j'ai pu voir qu'il s'agissait de quelqu'un. Je ne savais pas si je stopperais à temps." Une fois la machine immobilisée, il passe une tête par la fenêtre : "Juste au pied de mon tampon (à l'avant de la locomotive, NDLR), la dame pleurait, un visage dévasté de souffrance que je n'oublierai jamais..." "Je n'oublierai jamais son visage dévasté de souffrance" "Tout va bien, elle est vivante...", souffle Sébastien à la régulation. Un collègue se précipite et récupère la désespérée, prise en charge sur le quai par les secours. "On m'a proposé de me relever de mon service, mais j'ai préféré continuer pour ne pas rester fixé là-dessus", détaille-t-il. Quand il quitte la gare de La Défense en sens inverse, Sébastien a sauvé une vie. A côté de lui, dans la cabine, se trouve Saïd, le collègue qui avait relevé la femme. "On a parlé de choses et d'autres, pas de 'ça'", confie le conducteur. En arrivant chez lui, il fait asseoir Morgane dans la cuisine, il a besoin de vider son sac. Après une bonne crêpe, il tweete depuis son lit : "Je voulais partager ce que je venais de vivre avec deux trois collègues du ferroviaire." "Vous avez le droit à une nouvelle chance et d'espérer avoir une vie meilleure" Les mots de celui qui se fait appeler Séb le mécano percutent. "Madame, ce soir à La Défense, vous avez voulu nous quitter, mais vous n'avez pas choisi le bon train, le mien. [...] Après cet événement, vous avez le droit à une nouvelle chance de recommencer et d'espérer avoir une vie meilleure que celle qui vous a poussé à faire ce geste désespéré." Le lendemain au réveil, il découvre les centaines de messages de proches de victimes, de médias, et même du PDG de la SNCF et de la présidente de la région Ile-de-France ! Pas de quoi échauffer la tête du sage, qui tient surtout à remercier Saïd. "Maintenant, j'aimerais bien avoir des nouvelles de cette dame. Je voudrais qu'elle comprenne qu'elle doit vivre !", confie Sébastien. Celui qui refuse qu'on le prenne pour un héros a fédéré la twittosphère à la seule force de sa chaleur humaine. Le lendemain de ce drame évité de justesse, avant d'entrer en gare de La Défense, il n'a pas pu s'en empêcher : il a freiné plus tôt. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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