TEMOIGNAGE. "J'ai adopté trois enfants blancs. Je suis fière de ma famille multiraciale"
Parents de six enfants, dont trois enfants blancs adoptés, Harry et Jennifer Moore doivent souvent faire face aux préjugés raciaux.
"Lorsqu'on me dit : 'Wouaouh, tu as six enfants ! C'est beaucoup ! Mais comment ça se passe ?' Je réponds toujours avec un sourire : 'C'est super ! C'est surtout Moore2luv (plus d'amour, NDLR)'", explique Jennifer Moore, 43 ans, sur un post Instagram. Avec humour, elle reconnaît surtout que "le plus difficile reste d'obtenir une photo réunissant tous [ses] enfants." Mais avoir une ribambelle de bambins n'est jamais apparu comme une contrainte pour Jennifer et son mari, Harry.
En tant que cogérante d'une structure de garde d'enfants, Jennifer, en concertation avec les services sociaux de Pennsylvanie, héberge parfois chez elle des enfants placés "quelques jours, pour permettre aux familles d'accueil de souffler un peu". Déjà parents de deux filles, Joy, 21 ans, et Kourtney, 11 ans, Jennifer et Harry ont voulu agrandir leur famille et se sont tournés naturellement vers l'adoption. Pour les Moore, il n'est pas nécessaire de porter un bébé pour l'aimer, ni d'avoir la même couleur de peau.
"On voit souvent des adoptions transraciales dans l'autre sens"
Si l'adoption de Sanchez, 8 ans, s'est déroulée rapidement, celle de Keenan, un petit garçon blanc, s'est révélée plus compliquée, en 2016. Le couple s'est alors retrouvé confronté aux difficultés de l'adoption dite transraciale, une expression qui fait référence à l'adoption d'un enfant par des parents d'une couleur différente de la sienne. "On voit souvent des adoptions transraciales dans l'autre sens : une famille blanche qui adopte un enfant noir, explique Jennifer au quotidien New York Post. Il y a eu des questions sur notre capacité à accueillir des enfants caucasiens. Il nous a fallu 2 695 jours pour adopter Keenan, car nous sommes noirs."
En 2018, les services sociaux recontactent Jennifer pour lui confier des jumeaux blancs, Brayden et Trevor, séparés, dès la naissance, de leur mère toxicomane. "Ils devaient rester avec nous le temps qu'on leur trouve un foyer. Mais les mois ont passé et ils avaient presque un an. Nous étions attachés à eux. Nous avons finalement commencé le processus d'adoption", sourit Jennifer. Deux ans plus tard, Brayden et Trevor, 3 ans, ont officiellement rejoint la famille Moore. "Souvent j'entends : 'Ils donnent des bébés blancs aux familles noires ?'", confie Jennifer.
"A l'aire de jeux, une dame a pensé que je kidnappais mes enfants parce qu'ils étaient blancs !"
Des incidents qui s'intensifient avec la montée des tensions raciales aux Etats-Unis après le meurtre, par un policier, de George Floyd en 2020. "Il y a un mois, nous étions à l'aire de jeux et les jumeaux ne voulaient pas rentrer à la maison. Une dame nous observait et quand l'un d'eux a piqué une colère, elle m'a menacée d'appeler la police. J'ai pris les enfants dans mes bras et elle a pensé que je les kidnappais. Alors un des jumeaux a dit : 'Non, c'est ma mère !'"
Jennifer et son mari parlent du racisme à leurs six enfants avec des mots simples. "On sait que tout le monde est différent, il faut le reconnaître. Au lieu de regarder notre couleur, les gens devraient comprendre que c'est l'amour qui fait vivre une famille."
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