news-details
Arts et People

TEMOIGNAGE. "Des agresseurs ont laissé mon fils paralysé, ne sont pas jugés et se promènent près de chez nous"

Depuis un tabassage d'une violence inouïe en août 2020, Lorenzo, 20 ans, est tétraplégique. Ses agresseurs attendent leur procès en menant leur vie comme si de rien n'était. Une torture pour la famille. A bout de forces, Elise Vera a fini par interpeller Emmanuel Macron grâce à une vidéo de Rémi Gaillard devenue virale. "L'enquête a été parfaite, avec des coupables mis en garde à vue quatre jours plus tard, les trois principaux auteurs incarcérés dans la foulée, rien à dire !", commence cette maman de trois enfants âgée de 39 ans. Cette nuit-là, comme toujours quand son aîné sort tard, elle guette son retour. Mais Lorenzo n'arrivera jamais. A quelques kilomètres à peine de chez lui, sur le parking de la piscine, Lorenzo et ses trois amis chantent et en font une story. De quoi donner l'idée à un jeune alcoolisé de battre le rappel d'amis en soirée dans le coin par SMS. Objectif ? Le tabassage gratuit, selon Elise. "Qu'on ne me parle pas d'une bagarre quand, d'un côté, mon fils jeté à terre est frappé au point de rester tétraplégique, son copain Gianni laissé en sang, alors que de l'autre côté, il n'y a pas une blessure !" martèle cette mère outrée. Aucun contentieux n'opposait ces jeunes. "En entendant qu'il resterait paraplégique, j'ai fait une crise de tétanie" Lorenzo était même au lycée avec celui qui a déclenché l'opération. L'exploitation des mobiles, les vidéos des caméras de surveillance et les témoignages ont permis aux forces de l'ordre de placer les trois suspects en garde à vue : celui qui a rameuté les autres, celui qui a plaqué Lorenzo au sol et celui qui adonné le dernier coup. Quand, au matin, les médecins la convoquent, elle et son mari, Julien, à l'hôpital, leur fils est vivant, mais Elise n'a rien oublié de leurs visages. "On a juste pu voir Lorenzo quelques secondes. Je lui ai demandé de me serrer les doigts et il ne l'a pas fait. J'ai cru au manque de forces lié à son état. En entendant qu'il resterait paraplégique, j'ai fait une crise de tétanie..." "Paraplégique", disent les soignants, car ils espèrent que les opérations à venir permettront des améliorations. Mais Lorenzo sera tétraplégique partiel : il a retrouvé l'usage de ses bras, mais pas de ses doigts, ni la mobilité du tronc, le tout après dix mois sous trachéotomie. "On a appris que le père de l'instigateur était un fonctionnaire haut placé" Plusieurs fois, des infections liées à sa faiblesse immunitaire lui ont fait frôler la mort. "L'une des pires épreuves, souligne sa maman, était de le voir lutter pour vivre. Il ne pouvait pas nous parler, mais on le soutenait de toutes nos forces, en le tenant à l'abri des nouvelles judiciaires, préférant lui montrer ses sœurs en vidéo, Kelsy, 14 ans, et Linsay, 12 ans. Il valait mieux..." Car à la douleur de la famille dévastée s'est ajoutée la colère d'un sentiment d'injustice. "La nouvelle de la libération des agresseurs au bout de quatre jours de détention nous a assommés, se rappelle Elise. Notre avocat ne répondait pas à nos sollicitations. La presse n'avait pas écrit une ligne. On ne comprenait pas ce silence. Jusqu'au jour où l'on a appris que le père de l'instigateur de l'attaque était un fonctionnaire haut placé de la région, qui connaissait tous les notables." La libération dans l'attente d'un procès prévu aux assises est légale, mais les mis en examens ne respectent pas, semble-t-il, leur contrôle judiciaire. Ce qui détruit un peu plus la famille d'Elise. Lorenzo n'a pas la force de se battre pour que justice soit faite et laisse le combat à sa famille "Imaginez que notre fille Kelsy a croisé celui qui a plaqué mon fils à terre dans notre secteur, qui lui est interdit d'accès, avec ses parents, qui n'y voient visiblement aucun inconvénient ! Le premier a été vu au bar alors qu'il est interdit de débits de boissons, en plein couvre-feu, à une heure de son de lieu de résidence ! On a fourni les preuves en photos à la police ! Et ? Rien ! Ils sont toujours en liberté." La famille, elle, est prisonnière d'un quotidien au chevet d'un jeune homme sans histoire, qui travaillait dans les espaces verts. Elise, prof de zumba, ne travaille plus, Julien non plus, pour rester auprès de Lorenzo qu'ils ont tenu à bout de bras, à grand renfort de petits plats moulinés à la maison. Les sœurs de Lorenzo n'ont pu voir leur frère pendant neuf mois à cause des restrictions liées à la crise sanitaire. Leur joie familiale de l'été ? Lorenzo, qui tient enfin assis, est sorti dans le parc de son centre de réadaptation avec son fauteuil électrique multi commandes... Se battre pour que justice soit faite ? Il n'en a pas la force et laisse sa famille mener le combat pour lui ! Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

You can share this post!