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Arts et People

TEMOIGNAGE. "Après le meurtre de ma fille par son conjoint, je me bats pour protéger d'autres femmes"

1/3 - Daniel Dupuy, De cor et d'oc Pendant des mois, Daniel a cherché à savoir s'il aurait pu voir quelque chose qui aurait empêché le décès de son enfant. Alors aujourd'hui, il agit. Informer sur les signes avant-coureurs de la violence, sur l'emprise, apprendre à fuir avant les coups : c'est la mission que Daniel s'est fixée. Jusque dans les écoles primaires. "Chaque fois que je vais au cimetière, je me dis : 'Non, ça ne peut pas être ma fille qui est là-dessous'", souffle Daniel Dupuy, 57 ans. Sur la tombe de Marine, ses amis ont fait graver "De cor e d'oc" (De cœur et de cri, en occitan). C'est ce nom que Daniel a choisi pour son association contre les violences sexistes et sexuelles. "Après le massacre de Marine de dix-huit coups de couteau, le 18 août 2014, et jusqu'au second procès de son assassin qui avait fait appel, en décembre 2019, j'ai passé mon temps à me demander comment j'avais pu ne pas voir", soupire-t-il. Le verdict - 28 ans de réclusion criminelle dont 18 de sûreté -, a été exemplaire, grâce au contexte du Grenelle des violences conjugales. Mais après ? "Je ne pouvais m'en satisfaire, explique ce papa poule qui a élevé sa fille seul. J'avais enquêté, beaucoup appris et j'ai ressenti le besoin de transmettre. Mon association sensibilise les plus jeunes, notamment dans les écoles." Chaque fois qu'il parle, Daniel espère qu'une petite élève ne subira pas le sort de sa fille, car elle se souviendra de ses mots, et qu'un petit garçon saura qu'aimer n'est pas posséder. "Il faut repérer qu'un homme qui n'aime pas votre bonheur, ce n'est pas normal !" Daniel évoque le terrain fragile qui "aide" à supporter l'insupportable. "Marine souffrait d'une carence affective, parce que sa mère n'en avait pas demandé la garde lors du divorce à ses 5 ans. Même si je lui avais donné un nouveau foyer aimant avec ma seconde femme, Caroline, sa demi-sœur, Léa, 15 ans, et Nathan, 13 ans au moment des faits, qu'elle adorait, ça ne remplace pas une vraie maman", explique Daniel. Et c'est pour se rapprocher de sa mère, qui tient un domaine viticole près de Narbonne, qu'à 21 ans, Marine descend dans le Sud faire les vignes. Elle s'apprête alors à faire une fac d'anglais. "Marine était peu sûre d'elle, complexée, quand elle a rencontré Mickaël, ouvrier agricole, adoré de sa mère comme un fils adoptif. C'était doublement valorisant", analyse Daniel. "Ça commence toujours par une lune de miel. Le tout est de partir quand la relation devient toxique" Marine renonce à la fac, s'installe avec ce jeune homme aussi cabossé qu'elle, même si Daniel le trouve très renfermé. "Ça commence toujours par une lune de miel, rappelle Daniel, le tout est de partir quand la relation devient toxique et, ça, je ne l'ai su qu'après, en enquêtant auprès de ses copines." Ses amies Jennifer et Elsa lui racontent que Mickaël la traitait mal, était jaloux, possessif. "Il faut repérer qu'un homme qui vous demande de rendre des comptes, vous traque et n'aime pas votre bonheur, ce n'est pas normal !", assène Daniel, aussi expert que pédagogue. Or Marine avait repris des études, avait minci, à l'inverse de Mickaël qui s'enfonçait dans le chômage et sa console vidéo. L'emprise était finie. "Le jour où Marine lui a annoncé la rupture, il l'a massacrée, avant de fumer calmement une cigarette en attendant les gendarmes." Pour sauver d'autres femmes, Daniel ne cessera jamais de se battre. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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