TEMOIGNAGE. "Adolescente, je suis tombée dans la drogue et j'ai vécu dans la rue"
Jessica Foschi a connu l'abysse des stupéfiants. Si elle s'en est sortie, c'est pour offrir un avenir meilleur à son fils. Avec courage et ténacité, elle s'est reconstruite.
"D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être quelqu'un. Sortir du lot, être différente. [...] Quand mes potes de classe pensaient à leur avenir, je réfléchissais à la meilleure façon de repousser les limites", explique Jessica Foschi dans son livre Les Amours sales (éd. Marabout). De son enfance à la campagne, en Belgique, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 31 ans, garde un souvenir somme toute classique.
Tout commence par une banale crise d'adolescente. Elle tient des propos extrêmes dans des lettres adressées à sa meilleure amie, Maggie. "Quand sa mère a découvert mes lettres, nous avons été séparées. Cela n'a fait qu'accroître mon sentiment d'injustice et de privation de liberté." L'ado rebelle supporte difficilement le carcan rigide de son établissement catholique. Affichant un look marginal, elle finit par rejeter l'école, sa mère et toute forme d'autorité. A 14 ans, elle intègre une école d'art. "J'ai commencé à fumer des joints dans mon premier établissement et j'ai continué dans l'école d'art. Je suis ensuite passée aux drogues récréatives comme l'ecstasy."
"La reconstruction a duré des années. Je ne savais plus qui j'étais"
A 17 ans, elle est arrêtée par la police, qui découvre chez elle des drogues appartenant à son petit ami, Damien. Elle est placée dans une IPPJ (Institution publique de protection de la jeunesse). A sa sortie, elle découvre l'héroïne. Pendant trois ans, la drogue dure est son quotidien mais, à 20 ans, Jessica décide de tourner la page. Le cauchemar ne s'arrête pas pour autant. Elle rencontre un homme qu'elle appelle "le serpent", qui lui fait subir des violences physiques et psychologiques. Elle connaît la rue par alternance pendant deux ans.
"Certains rêvent d'être acteur ou chanteur. Moi, j'idolâtrais ces gens qui vivent à la dure. J'aimais voir jusqu'où je pouvais tenir, mais je n'étais plus maîtresse de cette autodestruction." Heureusement, une éclaircie va venir bouleverser sa vie. A 22 ans, elle donne naissance à son fils, qui a désormais 9 ans. "Cela m'a sauvée, car j'ai tout arrêté", raconte la jeune femme, qui réussit à reprendre les rênes de sa vie et enchaîne les jobs alimentaires. "La reconstructiona duré des années, car j'avais le sentiment de ne plus savoir qui j'étais. Je devais réapprendre à me connaître et à vivre normalement."
"Des fois, ça me passe par la tête, mais ça repart aussitôt"
La jeune maman lance le compte YouTube "Lolita nie en blog", en 2016, et y parle des ravages de la drogue et de la dureté de la rue. Aujourd'hui, elle a un travail "normal' en parallèle de ses activités sur les réseaux sociaux et élève son fils, seule. Elle a tourné le dos à la drogue, mais elle la craint toujours. "Des fois, ça me passe par la tête, mais cette pensée repart aussitôt. Je sais ce que j'ai à perdre et, surtout, ce que j'ai réussi à gagner depuis", conclut Jessica, enfin en paix avec elle-même.
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