Seine-Saint-Denis : six policiers condamnés pour violences et injures racistes lors de l'interpellation d'un Egyptien
Les faits se sont déroulés le 26 avril 2020 à l'Île-Saint-Denis. La vidéo de la scène, captée par un riverain et diffusée par le journaliste Taha Bouhafs sur les réseaux sociaux, avait provoqué une vive émotion.
Le juge est allé au-delà des réquisitions du parquet. Le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a condamné jeudi 6 janvier six policiers à des peines allant de six à 12 mois de prison, dont six mois ferme pour certains, pour des violences et des injures racistes lors de l'interpellation d'un Égyptien en avril 2020. La vidéo de la scène, captée par un riverain et diffusée par le journaliste Taha Bouhafs sur les réseaux sociaux, avait provoqué une vive émotion.
Un policier, qui avait déclaré "un bicot comme ça, ça nage pas" à l'encontre de l'interpellé, a été condamné à six mois de prison avec sursis. Quatre de ses collègues ont été condamnés à 12 mois dont 6 mois ferme et une interdiction d'exercer pendant 12 mois. Une fonctionnaire de police a été condamnée à 12 mois de prison avec sursis pour "non empêchement des violences".
Le tribunal a accepté de joindre l'affaire sur les faits d'"injures racistes" aux citations directes de la partie civile pour les faits de "violences". Le parquet de Bobigny, lui, n'avait pas retenu les violences dans ses réquisitions, seulement les insultes, et demandé des peines inférieures.
Le policier avait notamment justifié son insulte raciste par le "besoin de décompresser"
"Je suis heureux, la justice a été faite. J'ai été lésé, agressé. Je suis content de cette décision", s'est réjoui Samir Elgendy, la victime, à l'issu du délibéré.
Le 26 avril 2020 vers 1h30 du matin, des policiers avaient interpellé à l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le ressortissant égyptien de 29 ans soupçonné de vol de matériel sur un chantier et qui avait tenté, selon des sources policières, de prendre la fuite en se jetant dans la Seine. Sur les faits de vol, l'affaire a été classée sans suite.
Le fonctionnaire de police qui avait usé du terme "bicot" avait plaidé "la blague de mauvais goût" lors de son procès en novembre et le "besoin de décompresser et faire marrer la galerie", avait aussi déclaré le policier, issu des effectifs de nuit de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine.
Dans cette affaire qui avait suscité l'indignation, deux policiers ont été sanctionnés administrativement en octobre par cinq jours d'exclusion ferme. Le Directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, était allé au-delà des recommandations du conseil de discipline de la préfecture de police, qui en avait proposé trois.