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Rwanda : un rapport sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi attendu à l'Élysée

Ossements de victimes du massacre de l’église de Ntarama, dans un mémorial, au Rwanda, le 4 avril 2014. Une commission, composée de quatorze historiens, va remettre vendredi un rapport sur le génocide des Tutsi au Rwanda à Emmanuel Macron. Ces recherches visent à faire la lumière sur les actions de la France lors de ce massacre. Ce rapport pourrait ainsi marquer une étape importante dans les relations dégradées entre Paris et Kigali. Un rapport très attendu d'historiens sur le rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi au Rwanda, va être remis, vendredi 26 mars, à Paris à Emmanuel Macron, a annoncé la présidence française. Le chef de l'État reçoit les historiens à 16 h 30 (15 h 30 GMT) au palais de l'Élysée, selon le communiqué. La publication du rapport pourrait marquer une étape importante dans les relations dégradées entre la France et le Rwanda, alors qu'Emmanuel Macron s'est illustré par sa volonté de faire évoluer certains dossiers mémoriels délicats. La commission de 14 historiens dirigée par Vincent Duclert a été mise en place en 2019 par le président français pour faire la lumière sur le rôle de Paris, en lui offrant l'accès à l'ensemble des archives françaises, dont certaines n'avaient pas été ouvertes à la consultation. Selon l'ONU, environ 800 000 personnes, essentiellement dans la minorité tutsi, ont été tuées en trois mois lors de massacres déclenchés après l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.  De vives controverses en France sur le génocide au Rwanda Les zones d'ombre qui entourent les actions de la France autour de cette période restent une source récurrente de polémiques en France et empoisonnent les relations avec Kigali depuis plus de 25 ans. La France, alors dirigée par le président socialiste François Mitterrand, a notamment conduit l'opération Turquoise, une intervention militaro-humanitaire lancée par Paris, sous mandat de l'ONU entre juin et août 1994. Ses détracteurs estiment qu'elle visait en réalité à soutenir le gouvernement génocidaire hutu.  >> À lire aussi : "La Traversée", un livre qui démonte la thèse du second génocide rwandais Parmi les autres points les plus disputés : l'ampleur de l'assistance militaire apportée par la France au régime du président Habyarimana de 1990 à 1994, ou encore les circonstances de l'attentat qui coûta la vie à ce même président le 6 avril 1994 – et déclencha le génocide. La publication de ce rapport réchauffera t-elle les relations entre Paris et Kigali ? Le Rwanda avait en tout cas salué l'initiative de cette commission, plusieurs fois promise par les autorités françaises par le passé.  "Nous nous devons de regarder notre passé dans son intégralité, sans volonté de dissimuler, ni de nous auto-flageller", avait déclaré Emmanuel Macron, dans une interview à Jeune Afrique en novembre, ajoutant qu'il comptait se rendre au Rwanda en 2021. Vers une amélioration des relations entre Paris et Kigali Le poste d'ambassadeur à Kigali est vacant depuis 2015, même si les relations s'améliorent ces dernières années, le président rwandais Paul Kagame ayant même salué l'an passé un "esprit nouveau".  Dans sa lettre de mission à Vincent Duclert, un historien spécialiste des génocides, Emmanuel Macron lui demandait que le rapport analyse "le rôle et l'engagement de la France au Rwanda au cours de cette période, en tenant compte du rôle des autres acteurs" et contribue au "renouvellement des analyses historiques sur les causes du génocide des Tutsi (...), ainsi que sur son déroulement, en vue d'une compréhension accrue de cette tragédie historique et de sa meilleure prise en compte dans la mémoire collective, notamment par les jeunes générations". L'Élysée avait choisi de faire appel à des historiens qui n'étaient pas spécialistes du Rwanda pour éplucher ces milliers d'archives afin d'analyser "un contexte français de prises de décision" et "de ne pas reproduire au sein de la commission des blocages".  Avec AFP

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