Rétractation de Ziad Takieddine : Nicolas Sarkozy convoqué en vue d'une mise en examen
Nicolas Sarkozy a été convoqué par la justice pour une mise en examen dans l'affaire de la rétractation de Ziad Takieddine. Il est soupçonné d'avoir avalisé des manœuvres frauduleuses entreprises par plusieurs protagonistes pour le disculper dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle 2007.
L'ancien président Nicolas Sarkozy est convoqué par un juge parisien pour une mise en examen dans l'enquête sur la rétractation par l'intermédiaire Ziad Takieddine de ses accusations de financement libyen de la campagne présidentielle 2007, a appris l'AFP, mercredi 6 septembre, de sources proches du dossier, confirmant une information de Libération.
D'après deux de ces sources, l'interrogatoire initialement prévu ces jours-ci a été repoussé ultérieurement et devrait se tenir en octobre, comme l'ont écrit RTL et M6.
L'ex-chef de l'État, qui a fermement contesté toute participation aux faits incriminés pendant douze heures d'audition mi-juin devant les enquêteurs financiers de l'OCLCIFF, est soupçonné d'avoir bénéficié, en connaissance de cause, des manœuvres entreprises par plusieurs protagonistes pour le disculper.
Selon la teneur de ses déclarations devant le magistrat instructeur et l'appréciation qu'en fera celui-ci, Nicolas Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire mis en examen ou sous le statut moins incriminant de témoin assisté, qui lui donne un accès au dossier tout en excluant un procès le concernant.
La justice soupçonne au moins huit protagonistes, dont la reine des paparazzis Mimi Marchand, d'avoir participé, avec l'éventuel aval de l'ex-chef de l'État, à une opération pour que le sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine retire fin 2020, contre rémunération, ses accusations contre Nicolas Sarkozy.
Une rétractation à plus de 600 000 euros
Cette opération aurait également visé à obtenir une preuve que le retentissant "document libyen", publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d'euros, était un faux, ou encore à obtenir la libération d'un fils Kadhafi, détenu au Liban, pour que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy.
Le parquet national financier a élargi début mars l'information judiciaire ouverte au printemps 2021 à des faits de "recel de subornation de témoin", une qualification qui pourrait correspondre au rôle prêté à Nicolas Sarkozy tel qu'il apparaît dans certaines déclarations des protagonistes dans l'enquête.
À l'origine de cette enquête, la spectaculaire volte-face de Ziad Takieddine, qui accusait Nicolas Sarkozy depuis 2012 d'avoir bénéficié de fonds libyens pour sa campagne présidentielle de 2007, et qui avait déclaré en novembre 2020 sur BFMTV et Paris Match que Nicolas Sarkozy n'avait en fait pas bénéficié de financement de Mouammar Kadhafi. Il était revenu sur ses propos deux mois plus tard.
Les enquêteurs ont récemment chiffré à au moins 608 000 euros le montant de l'opération présumée destinée à obtenir le retrait des accusations de Ziad Takieddine.
Avec AFP