Refus d'obtempérer à Vénissieux : le policier "n'avait jamais fait usage de son arme", il est "extrêmement affecté", confie son avocat
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un équipage de quatre policiers a repéré une voiture volée sur le parking d'un supermarché dans le Rhône. Lors du contrôle, le conducteur a redémarré et a foncé sur l'un des agents, qui ont alors ouvert le feu.
Le policier qui a été percuté par une voiture lors d'un refus d'obtempérer à Vénissieux (Rhône) dans la nuit de jeudi à vendredi et qui a tiré sur les occupants du véhicule "n'avait jamais fait usage de son arme" et est "extrêmement affecté", a confié son avocat Me Laurent Bohé ce vendredi à franceinfo. Le passager de la voiture est mort et le conducteur est grièvement blessé. Ce policier et un autre fonctionnaire qui a aussi fait usage de son arme sont en garde à vue.
>> Vénissieux : ce que l'on sait de la mort du passager d'une voiture, tué par des tirs de policiers après un refus d'obtempérer
"Il est traumatisé, extrêmement affecté. C'est très difficile pour lui", assure l'avocat, rappelant que le policier lui-même a été légèrement blessé aux jambes. Mais "il a été surtout traumatisé psychologiquement par les faits qu'il a vécus et par les conséquences de ces faits-là. Il a vu sa vie et celle de ses collègues partir et il sait maintenant qu'il a enlevé au moins une vie en faisant usage de son arme. C'est terrible pour ce policier qui n'a pas fait cette profession pour en venir à de telles extrémités. Il a fait cette profession pour défendre et aider les citoyens."
L'avocat décrit son client comme un "policier jeune mais expérimenté" qui "n'avait jamais fait usage de son arme". Sorti d'école il y a six ans, il est en poste dans le secteur de Vénissieux depuis deux ans, après avoir travaillé à Paris et "dans des secteurs assez difficiles."
"Tous les éléments de la légitime défense sont réunis"
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un équipage de quatre policiers a repéré une voiture arrêtée sur le parking d'un supermarché Carrefour et a identifié qu'il s'agissait d'un véhicule volé. Lorsque deux policiers se sont approchés pour procéder à un contrôle, le conducteur a redémarré, a fait une marche arrière puis a foncé en marche avant sur l'un des policiers, qui s'est retrouvé sur le capot. Cet agent et son collègue ont alors ouvert le feu, tuant le passager de 20 ans et blessant grièvement le conducteur.
Me Laurent Bohé pense a priori que "tous les éléments de la légitime défense sont réunis", puisque, depuis cinq ans, les policiers peuvent tirer sur un véhicule quand il refuse d'obtempérer et quand il est susceptible de porter atteinte à sa vie ou à celle d'une autre personne.
>> Légitime défense et refus d'obtempérer : trois questions sur la législation qui encadre l'usage des armes par les policiers
Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Lyon, l'une sur le "refus d'obtempérer" qui a été confiée à la Direction départementale de la sécurité publique du Rhône et l'autre sur les "violences avec arme par personnes dépositaires de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner", qui a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les deux policiers ont été placés en garde à vue et sont entendus par l'IGPN, conformément à la procédure quand un policier fait usage de son arme de service.