Rave party illégale à Redon : cinq gendarmes blessés, un jeune homme a "perdu une main"
Policiers déployés en nombre à Redon (Ille-et-Vilaine) le 19 juin 2021, après une intervention pour disperser une rave party illégale qui a donné lieu à de graves violences.
"Des heurts d'une grande violence" ont eu lieu dans la nuit de vendredi, lors d’une opération de gendarmerie pour disperser une rave party illégale près de Redon (Ille-et-Vilaine). Cinq gendarmes ont été blessés et un jeune participant de 22 ans "a perdu une main", a annoncé la préfecture.
Des affrontements ont opposé gendarmes et fêtards, durant la nuit de vendredi 18 juin, lors d’une intervention pour disperser une rave party illégale près de Redon. Cinq gendarmes ont été blessés et un jeune participant "de 22 ans a perdu une main", a annoncé samedi matin le préfet d'Ille-et-Vilaine, Emmanuel Berthier. Une enquête a été "immédiatement diligentée par le parquet de Rennes" afin d'établir les circonstances de "ce dramatique accident".
"1 500 personnes", selon le préfet, s'étaient donné rendez-vous pour une rave party en hommage à Steve Maia Caniço, décédé à Nantes il y a deux ans lors de la Fête de la musique.
Malgré un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement festif, les fêtards avaient convergé vers Redon vendredi soir, a expliqué le préfet et la gendarmerie est intervenue pour empêcher le rassemblement. Selon lui, "des heurts, des affrontements d'une extrême violence ont duré une très grande partie de la nuit, plus de sept heures". Il a évoqué "jets de cocktail molotov, boules de pétanque, morceaux de parpaings".
Emmanuel Berthier a estimé que la gendarmerie avait face à elle "des gens qui avaient un objectif, en découdre avec la force publique". "Encore une fois, les autorités ont choisi la violence en lieu et place de dialogue. Des pluies de lacrymos et de grenades se sont abattues sur une foule qui ne désirait que faire la fête.... Tout cela pour avoir voulu danser", a réagi de son côté le Teknival des musiques interdites.
Hommage à Steve Maia Caniço
Des appels à rendre hommage à Steve Maia Caniço, jeune Nantais tombé dans la Loire lors de l'intervention des forces de police il y a deux ans, avaient été lancés ces jours derniers.
"A la mémoire de Steve Maia Caniço, en soutien aux inculpés de la Maskarade de Lieuron et pour toutes les victimes de la répression, notre seule volonté était de brandir haut et fort la musique comme étendard et comme élément indissociable de nos vies", a ajouté le Teknival des musiques interdites.
"Depuis hier soir, il n'y a pas de musique", avait indiqué samedi matin la préfecture, mais selon un photographe de l'AFP, elle avait repris dans la matinée.
Quelque 400 gendarmes ont été mobilisés et empêchaient samedi tout accès la zone située près de l'hippodrome de Redon, a constaté un photographe de l'AFP. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, "suit de très près la situation à Redon. Il a annulé les événements prévus dans sa journée et fait des points réguliers avec les autorités", a-t-on indiqué dans son entourage.
Vendredi, deux ans quasiment jour pour jour après la mort de Steve Maia Caniço, le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc avait annoncé que, selon l'enquête, le jeune homme était tombé dans la Loire "dans le temps de l'intervention de la police" dont l'objectif était de disperser le rassemblement auquel le jeune homme participait.
Le corps de Steve avait été retrouvé plus d'un mois plus tard. Sa disparition avait déclenché une vive émotion dans la ville où des manifestants ont réclamé "Justice pour Steve", jugeant l'intervention policière disproportionnée.
Déjà en Ille-et-Vilaine, le soir du Nouvel An, en pleine crise sanitaire, une rave party s'était tenue à Lieuron, rassemblant 2 400 personnes pendant 36 heures. Neuf personnes avaient été mises en examen et un jeune homme présenté comme l'un des organisateurs avait été incarcéré pendant plusieurs semaines.
Le Teknival des musiques interdites revendique d'avoir choisi "la circonscription de Rennes dont le procureur, Philippe Astruc, est à l'heure actuelle le plus représentatif de ces politiques de répression et de stigmatisation".
Avec AFP