Procès des attentats du 13-Novembre : les ambiguïtés de Salah Abdeslam, enjeu des dernières plaidoiries
Les deux semaines de plaidoiries s'achèvent par les plaidoiries des avocats de Salah Abdeslam, le principal accusé, dont le comportement a évolué tout au long de ces dix mois d'audience
Salah Abdeslam, l'accusé principal du procès des attentats du 13-Novembre, risque la perpétuité incompressible et ses avocats, Martin Vettes et Olivia Ronen, auront la lourde tâche de le défendre vendredi 26 juin, dernier jour des plaidoiries. Cela inquiétait d'ailleurs beaucoup la mère de maître Ronen qu'elle défende l'ennemi public numéro 1. Elle, pas du tout. Avec son confrère, la coriace mais discrète Olivia Ronen, 32 ans, tentera d'éviter à son client la prison à vie.
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Salah Adbeslam est le seul membre encore en vie des commandos qui ont frappé Paris et Saint-Denis. Il est le le seul, lui le "dixième homme" des attentats qui ont fait 130 morts, à être jugé comme co-auteur des attaques. Au terme d'un réquisitoire implacable, le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis la perpétuité incompressible, une peine très rare rendue à quatre reprises seulement et qui empêche tout aménagement de peine.
Les révélations de Salah Abdeslam à l'audience sont loin d'avoir convaincu l'accusation lorsqu'il a enfin livré, pour la première fois après six ans de silence après sept mois de débats, le récit détaillé de sa soirée du 13-Novembre : une attaque-suicide dans un bar du 18e arrondissement de Paris, à laquelle il a renoncé à la dernière minute, "par humanité", dit-il.
Nul doute que sa défense s'appuiera sur cette ambiguïté, ce double visage de Salah Abdeslam tiraillé entre deux identités. Fêtard à l'époque des attaques, "soldat de Dieu" autoproclamé aujourd'hui. Mais pour les avocats généraux, Salah Abdeslam n'a pas renoncé. Il a bien tenté de faire exploser sa ceinture. Il a le sang de toutes les victimes sur les mains.
De la provocation à une certaine pondération
Le comportement de Salah Abdeslam a évolué tout au long de ces dix mois d'audience. Le premier jour du procès, quand le président Jean-Louis Périès lui demande de décliner son identité, Salah Abdeslam éructe dans le box. Regard noir, presque halluciné. "Je suis combattant de l’Etat islamique." La salle frémit.
Tour à tour provoquant, mutique, il a peu à peu laissé place à un accusé plus pondéré, calculant chacune de ses paroles, chacun de ses effets. Au fil du tempsSalah Abdeslam semble avoir apprivoisé son procès. Au point de terminer son dernier interrogatoire en larmes, en s'excusant auprès des victimes. "Je sais que ce ça ne va pas vous guérir, mais si ça peut vous faire du bien, si j'ai pu faire du bien à une seule des victimes, alors pour moi c'est une victoire."
Le verdict est attendu mercredi 29 juin. Avant cela, la cour donnera une dernière fois la parole aux 14 accusés jugés en leur présence – six le sont par défaut –, lundi matin.