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Insolite et Faits divers

Procès des attentats du 13 novembre : "La perpétuité, c'est éteindre la lumière, c'est éteindre l'espoir", réagit l'avocate de Mohamed Abrini

La cour d'assises spéciale de Paris a condamné ce mercredi 29 juin Mohamed Abrini, l'"homme au chapeau" des attaques de Bruxelles, qui devait initialement faire partie des commandos du 13-Novembre, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans. "La perpétuité, c'est éteindre la lumière, c'est éteindre l'espoir", a réagi ce mercredi 29 juin sur franceinfo, maître Marie Violleau, avocate de Mohamed Abrini, condamné à la perpétuité avec 22 ans de sûreté. Il a été reconnu coupable de complicité de meurtres et tentatives de meurtres par la cour d'assises spéciale de Paris. "Ça reste une perpétuité, une peine de perpétuité, ce n'est pas rien, c'est extrêmement lourd, c'est compliqué à encaisser pour celui qui est dans le box et pour ses avocats aussi", a-t-elle ajouté. Quelle est votre première réaction à ce verdict contre votre client ? Ça reste une perpétuité, une peine de perpétuité ce n'est pas rien, c'est extrêmement lourd, c'est compliqué à encaisser pour celui qui est dans le box et pour ses avocats aussi, c'est toujours compliqué de se lever et d'aller lui [Mohameb Abrini] mettre la main sur l'épaule. >> >> GRAND FORMAT. Le procès historique des attentats du 13-Novembre en 50 moments d'audience Il y a cette peine de sûreté qui assortit la peine de perpétuité. On aurait pu prendre 30 ans de sûreté, on aurait pu avoir une peine beaucoup plus lourde. Le fait qu'il ne prend pas le maximum dans un dossier comme ça avec 132 morts et une émotion telle qu'on la connaît et qu'on l'a ressentie tout au long de ces mois d'audience. Ça veut peut-être dire qu'il y a encore un espoir et qu'on va s'en servir lors du procès de Bruxelles [attentat de 2016], ça veut peut-être dire qu'on avait entendu qu'il avait encore des choses à dire. La perpétuité c'est quelque chose qui pour les avocats de la défense est très gênant. La perpétuité, c'est éteindre la lumière, c'est éteindre l'espoir. Comment peut-on analyser ce verdict pour les parties civiles notamment ? Il y a des parties civiles qui doivent être soulagées, il y a aussi des accusés qui doivent se poser plein de questions et nous devons gérer tout cela. C'est une soirée difficile pour tout le monde. Ce qui est sûr c'est qu'on va aller en prison le [Mohamed Abrini] voir dès demain [jeudi] avec la feuille de motivation qui est à notre disposition. On va analyser cette décision-là. Il y a le quantum de la peine mais il y a aussi ce pour quoi il est condamné. Ce n'est pas juste une qualification pénale sinon on n'aurait pas passé dix mois à discuter de tout ça. Comment avez-vous traversé un procès de cette ampleur-là ? Il y a le côté individuel, notre métier, c'est d'abord de défendre une seule personne, Mohamed Abrini, c'est celui qu'on va voir le samedi, le dimanche en détention, celui qu'on a au téléphone le soir quand il entre en cellule. C'est celui à côté duquel on est debout à l'audience. Ce sont ses intérêts d'abord. Ensuite il y a le fait de ne pas oublier qu'on s'inscrit dans quelque chose de commun, de collectif à cause du nombre de victimes avec des faits qui ont touché la France entière. Peut-être que nous aussi, avocats de la défense, on doit participer à la manifestation de la vérité et on s'inscrit dans cette avancée collective. On n'est pas là que pour contester les arguments de la cour et des parties civiles, du parquet. On est là aussi pour avancer tous ensemble. Sur ces deux axes, on a essayé de construire une défense. Pensez-vous qu'on a assez entendu les accusés ? On a entendu les accusés, la seule chose que j'appréhendais depuis le début, c'est que ce découpage artificiel de l'audience éteigne la spontanéité des uns et des autres. Dans n'importe quel procès au tribunal correctionnel ou aux assises, les gens se lèvent et réagissent aux déclarations de l'un ou de l'autre et c'est ce qui fait vivre une audience et on ne l'a pas trop eu parce que c'était une grande salle préfabriquée, avec des micros où il fallait entendre qu'on nous donne la parole. Peut-être que cela a tué cette spontanéité, on aurait bien aimé que de temps en temps, ils réagissent et peut-être que cela nous aurait apporté quelque chose, j'en suis intimement persuadée. Cela a tué la beauté d'une audience pénale, la beauté de l'oralité des débats. Elle n'a pas été parfaite, elle n'a pas été complète.

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