Procès des attentats du 13-Novembre : la justice requiert de lourdes peines contre Salah Abdeslam et ses co-accusés, qui "ont nourri la bête" du terrorisme
Procès des attentats du 13-Novembre : la justice requiert de lourdes peines contre Salah Abdeslam et ses co-accusés, qui "ont nourri la bête" du terrorisme
L'annonce des peines réclamées par l'accusation, vendredi, dont la plus lourde à l'encontre de Salah Abdeslam, met un point final à des réquisitions hors normes, à l'image du procès qui a commencé le 8 septembre dernier.
Des peines allant de cinq ans à la perpétuité incompressible. Au terme d'un réquisitoire marathon de trois jours, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a détaillé, vendredi 10 juin, les peines qu'il réclame à l'encontre des vingt accusés jugés dans le cadre du procès des attentats du 13 novembre 2015. Les avocats généraux ont notamment demandé qu'ils soient tous déclarés coupables par la cour d'assises spéciale de Paris.
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Sans surprise, la peine la plus lourde est requise à l'encontre de Salah Abdeslam, le principal accusé, "au regard de l'immense gravité des faits qui lui sont reprochés". L'unique membre encore vivant du commando du 13-Novembre est le seul à comparaître pour "meurtres, séquestrations et tentatives de meurtres en bande organisée en lien avec une entreprise terroriste", et non pour complicité. La peine encourue est la même, mais les avocats généraux ont tenu à le distinguer de ses co-accusés en prononçant la perpétuité incompressible. Cette sanction, rare, rend infime la possibilité d'obtenir un aménagement de peine et donc une libération.
Des mensonges qui se "téléscopent"
Le Pnat ne croit pas à la version des faits que Salah Abdeslam a livrée lors de son ultime interrogatoire, mi-avril. Porteur d'une ceinture explosive le soir du 13 novembre 2015, l'accusé de 32 ans avait expliqué qu'il avait renoncé "par humanité" à se faire exploser dans un café du 18e arrondissement de Paris. Mais pour l'accusation, ses mensonges "se téléscopent" et "cette défense ne résiste pas à l'examen du dossier". Le ministère public, qui réfute l'hypothèse d'un "Salah Abdeslam dans l'ombre de son frère", le décrit comme un accusé qui "cherche à tout prix à se faire passer pour un terroriste tombé du ciel".
Les trois avocats généraux, qui se sont succédé face au pupitre transparent pendant trois jours, sont aussi sévères à l'égard de Mohamed Abrini. "L'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles en mars 2016, était lui aussi "bien prévu" pour le 13-Novembre, selon le ministère public. Il l'a concédé lui-même, pour la première fois, au cours de l'audience, et l'avocat général Nicolas Braconnay a reconnu au cours du réquisitoire "un petit pas de Mohamed Abrini vers la vérité". Mais selon lui, il a aussitôt fait "deux pas en arrière". "Nous sommes convaincus que Salah Abdeslam et Mohamed Abrini n'ont pas tout dit", insiste-t-il.
Cinq à huit ans pour les "petites mains"
Ainsi, les deux hommes "restent pétris d’idéologie", a estimé Camille Hennetier, avant d'annoncer qu'une peine de réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans est requise à l'encontre de Mohamed Abrini. Car "il a un rôle moins important que Salah Abdeslam dans la logistique", a-t-elle justifié.
A l'encontre des "petites mains", accusées d'avoir apporté leur aide à Salah Abdeslam dans sa cavale, le Parquet national antiterroriste a requis cinq à huit ans de prison, parfois avec mandat de dépôt. "Tous ne sont pas des jihadistes convaincus, tous n'agissent pas dans le but de commettre un attentat par procuration. Mais tous ont accepté d’apporter leur concours à un projet terroriste. (...) Au fond, le résultat est le même : ils ont nourri la bête", avait insisté Nicolas Braconnay un peu plus tôt.