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Sports

Pétanque : comment la Thaïlande st devenue championne du monde

À près de 10 000 kilomètres de son berceau provençal, la pétanque a trouvé un terrain fertile en Thaïlande. La monarchie y chouchoute ses champions qui comptent parmi les meilleurs joueurs du monde. Ratchata Khamdee, vainqueur de deux médailles d'or aux derniers Championnats du monde de pétanque, à Bangkok en Thaïlande, le 8 novembre 2023. Double champion du monde à 20 ans, Ratchata Khamdee a réalisé ses rêves grâce aux boules : gagner des médailles d'or et obtenir la promesse d'un emploi au sein de l'armée. "C'était mon objectif de devenir champion du monde", déclare à l'AFP le timide jeune homme, originaire de Sukhothai, qui s'entraîne près de sept heures par jour pour la compétition. Ses prouesses lui ont valu d'obtenir une bourse pour étudier dans une université à Bangkok, avec la perspective d'intégrer l'armée de l'air à la sortie, comme d'autres boulistes talentueux avant lui. La pétanque a germé en Thaïlande grâce aux institutions et organismes publics qui soutiennent les meilleurs sportifs, issus le plus souvent de provinces rurales et pauvres. Grâce aux primes de titre, à raison de 300 000 bahts par médaille d'or (soit 7 700 euros), que l'État verse à son fils qu'elle a élevé seule, Kanta Khamdee, âgée de 45 ans, confie qu'elle "peut payer (son) emprunt immobilier". "Il faut saisir l'opportunité quand elle se présente", souligne la mère de Ratchata en évoquant son succès, mais comme elle lui dit souvent : "Qu'importe le résultat, je serai toujours à tes côtés". Avec trois médailles d'or, la Thaïlande a terminé les derniers mondiaux de pétanque, en septembre dernier au Bénin, en tête du classement des pays les plus titrés, devant la France. Implication royale et soutien de l'armée Le royaume d'Asie du Sud-Est a notamment remporté pour la première fois l'épreuve masculine des triplettes, le format le plus prestigieux de la compétition. Entre 30 000 et 40 000 personnes sont enregistrées auprès des clubs, mais le nombre de pratiquants en loisirs est bien plus élevé, selon une dirigeante de la Fédération nationale. La légende locale associe la princesse Srinagarindra, grand-mère de l'actuel monarque Rama X, au développement de la pétanque, qu'elle a découverte en Suisse, où elle a élevé ses enfants durant les années 1930 et 1940. Elle a popularisé la pratique des boules, en prônant ses vertus pour la santé et son coût modique. Cette implication royale explique aujourd'hui l'engagement de la police et l'armée, réputées fidèles à la monarchie, qui emploient la plupart des champions dans des conditions suffisamment souples pour les laisser s'entraîner et participer aux tournois. La perspective d'un travail stable offre un surplus de motivation aux aspirants, qui ont découvert la pétanque à l'école ou par le bouche-à-oreille. Plusieurs fois championne du monde, Nantawan Fuangsanit a grandi dans une famille de riziculteurs de la province isolée de Phichit. "Je soutiens ma famille financièrement. Ils sont beaucoup plus à l'aise qu'avant", explique la jeune femme de 29 ans, employée par l'armée de l'air. "Être les champions" Tout champion thaïlandais est doté d'un équipement "made in Thailand", car le royaume abrite l'une des rares usines de fabrication de boules de pétanque situées hors de France et homologuées par la Fédération internationale. Dans la banlieue de Bangkok, 17 ouvriers assemblent, soudent, polissent et gravent les boules, à partir d'un alliage de métaux importé de Chine, Taïwan ou du Japon. L'usine peut produire jusqu'à 400 boules par jour. Dans l'un des centres d'entraînement de la Fédération thaïlandaise, une quinzaine d'adolescents se prépare pour les mondiaux juniors organisés à Bangkok à la fin du mois de novembre. L'ambiance, studieuse, est dominée par le bruit des boules en acier qui s'entrechoquent. "Je veux devenir policier. J'aime la pétanque mais je veux aussi avoir un travail", lance Saharat Aramros, 13 ans. La préparation comprend un peu de musculation et un régime alimentaire à base de protéines pour maintenir l'effort sur la durée, explique son entraîneur Taloengkiat Pusa-ard. "Je dois admettre que les Français sont les plus forts (...) mais mon objectif c'est d'être les champions !".

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