Pénurie de carburant, réquisitions dans les raffineries, réforme des retraites, refus d'obtempérer… Ce qu'il faut retenir de l'interview de Sébastien Chenu
Sébastien Chenu, député Rassemblement national du Nord et vice-président de l'Assemblée nationale, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 15 octobre 2022. Il répondait aux questions de Neila Latrous et Lorrain Sénéchal.
Grève dans les raffineries : Sébastien Chenu déplore un manque d'anticipation
"Les réquisitions, c'est quand on a tout essayé, et que rien n'a fonctionné : c'est le dernier étage de la fusée", a lancé sur franceinfo le député RN du Nord. Selon lui, elles sont nécessaires pour faire face à la pénurie de carburant qui perturbe le pays depuis plusieurs jours mais le gouvernement a tardé à réagir. "Le gouvernement a zappé toute la série d'étages et d'anticipations qu'il aurait fallu avoir pour gérer ce conflit", a-t-il ajouté, soulignant que le mouvement a débuté depuis trois semaines désormais et concerne des secteurs "qui quand même, matin, midi et soir, obsèdent les Français".
Salaires : "La CGT aujourd'hui dessert les intérêts qu'elle dit défendre"
Selon Sébastien Chenu, les salariés "ont raison de se mobiliser" pour réclamer une hausse des salaires. "La question salariale dans notre pays est centrale, on n'y échappera pas", a-t-il martelé. Pour autant, le député dénonce la poursuite du mouvement par la CGT, alors qu'un accord a été signé entre la direction de TotalEnergies et les deux syndicats majoritaires. "La CGT aujourd'hui dessert les intérêts qu'elle dit défendre. Elle dessert les intérêts des salariés en continuant d'une manière un peu jusqu'au-boutiste cette grève, et en embêtant les Français dans leur grande majorité qui ont besoin de leur voiture", a-t-il affirmé.
Journées de manifestation : "Ne soyons pas dupes des récupérations politiques"
Sébastien Chenu a confirmé qu'il ne participera pas ce dimanche à la marche "contre la vie chère et l'inaction climatique" et qu'il n'appelle pas à faire grève mardi 18 octobre. D'après lui, cette grève "est politique". "Ne soyons pas dupes des récupérations politiques, on voit bien aussi derrière ça l'extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon qui, embrouillée dans ses affaires Quatennens, barbecue, Bayou, Obono, cherche une porte de sortie", avance-t-il. Le député RN qui appelle également à la plus grande prudence concernant la sécurité dans les cortèges à venir. "J'ose pouvoir faire confiance aux organisateurs de ces manifestations, aux syndicats pour que ça se passe bien mais bien entendu j'espère que le ministre de l'Intérieur a quand même imaginé que des gens, des casseurs, s'infiltrent, puisqu'ils n'ont pas dissous les black-blocs", prévient-il.
Retraites : "Nous ferons tout pour nous opposer à cette réforme"
Le gouvernement mène actuellement des concertations au sujet de la réforme des retraites. Marine Le Pen a été reçue vendredi par la Première ministre mais selon Sébastien Chenu, le RN ne votera pas ce texte. "Nous ferons tout pour nous opposer à cette réforme", a-t-il assuré. Selon l'élu RN, le timing n'est pas le bon. "Aujourd'hui au moment où on a une problématique d'inflation, de pouvoir d'achat et un climat social très dégradé dans le pays, il n'y a pas d'urgence à ajouter un débat sur la réforme des retraites", a-t-il expliqué, dénonçant au passage les débats menés actuellement à l'Assemblée nationale sur le budget 2023. "Si tout ce qu'on vote va à la poubelle pour déclencher le 49.3, si c'est ça les nouvelles méthodes du gouvernement, je ne vois pas bien l'utilité de tendre le pays".
Nupes : Sébastien Chenu fustige des députés "très absents"
Si le gouvernement déclenche le 49.3 pour adopter le budget 2023, le RN menace de déposer une motion de censure. Une initiative que le parti prendra sans attendre la Nupes et les partis de gauche qui la composent. "La gauche, ils ne votent pas la taxe sur les superprofits. Ils ne siègent pas dans l'hémicycle, ils sont très absents : je n'ai pas vu Fabien Roussel une fois depuis la rentrée parlementaire", dénonce Sébastien Chenu. "Il y a la gauche qui parle et la gauche qui agit, la gauche qui agit on attend de voir", critique le député du Nord.
Refus obtempérer : "Il y a un problème d'autorité de l'Etat"
Vendredi soir, un homme a été tué à Paris par des tirs de policiers après un refus d'obtempérer. Onze personnes ont été tuées par les forces de l'ordre depuis le début de l'année au cours d'un délit de fuite. Selon Sébastien Chenu, c'est avant tout un "problème d'autorité de l'Etat". "Il y a un état de violence qui monte dans la société et qui est inquiétant", juge le député du RN.
Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du samedi 15 octobre 2022 :