Nouveau monde. Procès Apple-Fortnite : le modèle économique de l’App Store remis en question
C’est un procès épique qui démarre ce lundi 3 mai en Californie. Le jeu de mot est facile mais approprié car l’audience, qui doit durer trois semaines, pourrait bien bousculer l’économie des applications mobiles sur smartphones.
L’affaire a démarré en 2020. En juillet, Epic Games a mis en place un système permettant aux joueurs d’acheter des crédits dans le jeu Fortnite en contournant le système de paiement de l’iPhone. Un véritable crime de lèse-majesté pour Apple, qui oblige depuis toujours à passer par son système de micropaiement, en prélevant au passage un pourcentage entre 15 et 30%. En août de la même année, la marque à la pomme a donc bouté Fortnite hors de l’App Store avec pertes et fracas. Mais, apparemment, c’est exactement ce qu’attendait Epic Games pour mettre le sujet sur la place publique et porter l’affaire en justice. Une grande campagne de communication était d’ailleurs prête et a démarré immédiatement.
Un procès historique
La justice va devoir dire, d’abord, si Apple est bien en position dominante, comme l’affirme Epic Games. Elle devra dire, ensuite, si les commissions de 30% prélevées par la marque à la pomme sur toutes les transactions sur sa plateforme sont justifiées. Il faut savoir que c’est un sujet brûlant. Beaucoup de développeurs dans le monde trouvent les conditions d’Apple trop contraignantes mais ils n’osent pas dire grand-chose car l’iPhone est une formidable vitrine et constitue un gigantesque marché. Apple, de son côté, met en avant les avantages offerts aux développeurs et aux utilisateurs, notamment un espace de confiance avec un App Store contrôlé évitant – en principe – la propagation d’applications indélicates.
Google également ciblé
Il n’y a pas qu’Apple dans collimateur d’Epic Games. Android, c'est-à-dire Google, est également visé. C’est donc le modèle de dime prélevée par les grandes plateformes qui est remis en question et qui pourrait être ébranlé. L’éditeur de Fortnite a de grandes ambitions, il voudrait développer un large écosystème sur la base de son jeu, et souhaite donc avoir les coudées franches.
À noter que ce procès intervient alors qu’Apple est également attaqué par la Commission européenne, concernant l’application Spotify cette fois, pour le même motif d’abus de position dominante.