Nouveau monde. Beaucoup de gens refusent les applis anti-Covid "par principe", selon une étude
Depuis un an, plus de 30 pays ont développé des applications de suivis de contacts pour tenter d’enrayer la pandémie. Les technologies utilisées et l’acceptation par les citoyens sont variables selon les pays, comme le montre une étude internationale lancée par des chercheurs français du laboratoire de sociologie PACTE de Grenoble.
franceinfo : Pourquoi une étude sur les applis anti-Covid ?
Céline Cholez, responsable de l’étude "COVid On My Mobile" : Les applications de contact trafic sont apparues avec la crise sanitaire mais il faut rappeler que la recherche de points de contacts est une vieille méthode en épidémiologie. Cependant, le passage au numérique pose des questions en termes d'efficacité, puisque cela nécessite une vraie participation des citoyens, et aussi en matière de protection de la vie privée et d'acceptation par les citoyens.
Tous les pays n’ont pas fait les mêmes choix technologiques. Qu’est-ce qui diffère ?
Pour notre étude, nous comparons la France, le Japon et les États-Unis. Aux États-Unis, chaque État a sa propre responsabilité. Ainsi, en Californie, ils ont choisi leur propre solution, développée par l’université, mais le Colorado par exemple, a opté pour la solution Google-Apple. Au Japon, c'est plus compliqué. Au niveau national, c’est Google-Apple qui a été choisi mais, localement, les préfectures, ont fait parfois d’autres choix. Par exemple, la préfecture de Kyoto a développé sa propre application sur un autre principe, basé sur des relevés de passages avec QR code.
La France n'a pas voulu de la solution d'Apple Google pour des questions de souveraineté. A-t-elle fait un bon choix, selon vous ?
La France avait déjà beaucoup avancé avec le projet de l’INRIA qui avait développé le protocole Robert. Cette solution permet d’avoir beaucoup d’informations sur le nombre de téléchargements, le nombre de personnes se déclarant positives ou le nombre de notifications. Les États qui ont choisi la solution Google-Apple ont très peu d'informations de ce genre. Par exemple, on ne connaît pas le nombre de personnes qui se déclarent positives dans l'application ou qui sont notifiées. L'application française est plus utile en termes de santé publique. Cependant, la solution Apple-Google a été présentée comme préservant mieux la vie privée car les informations restent stockées dans le téléphone, tandis qu'avec la solution française cela passe par une étape de centralisation.
Comment expliquer la réticence de beaucoup de gens à ces applications ?
Notre enquête révèle deux tendances. D’un côté, nous avons des gens qui ont tendance à accepter car ils considèrent qu’en allant sur Internet ou en utilisant un smartphone, ils donnent déjà beaucoup d’informations personnelles et que cette application ne présente pas de risque supplémentaire.
D’un autre côté, il y a des gens qui n’ont pas forcément regardé comment fonctionne réellement l'application mais qui refusent par principe, soit parce qu’ils ont une méfiance vis-à-vis du gouvernement pour la gestion de la pandémie, soit à l’égard du numérique en général? et de ce que le numérique apporte, selon eux, comme nuisances.