Mythomane, escroc condamné en Angleterre, sujet d'un documentaire Netflix... Ce que l'on sait de l'homme qui a attaqué deux policiers dans la Creuse
Jeudi 25 août, vers 16h30, des gendarmes interviennent au lieu-dit La Forêt Belleville. Ils accompagnent une équipe de la préfecture de la Creuse pour une inspection sanitaire au domicile d'un homme. À leur arrivée, seule la compagne est présente. Quand l'homme finit par rentrer chez lui, au volant d'une Audi A3 immatriculée en Grande-Bretagne, les militaires souhaitent procéder au contrôle de ses papiers mais il redémarre, percutant les deux gendarmes. "Un officier est toujours hospitalisé et présente une ITT de 21 jours. Une sous-officier a regagné son domicile et présente une ITT de six jours", indique la préfecture vendredi 26 août au matin. Voilà ce que l'on sait du suspect.
Installé dans la région depuis sept ans
La maire de la commune Martine Laporte, interrogée par France Bleu Creuse, décrit un "homme très agréable" en apparence qui vit depuis sept ans en Creuse avec sa compagne. "Les habitants de La Forêt ont très vite compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas" chez leurs voisins, indique toutefois l'édile. Ils détenaient, selon elle, 26 beagles dans des cages à leur domicile. Jeudi 25 août, l'élevage canin du couple faisait justement l'objet d'un contrôle sanitaire."Cela fait deux ou trois ans que l'on tire la sonnette d'alarme, sans beaucoup de résultats, jusqu'à ce qu'on arrive à ce dénouement", ajoute-t-elle, faisant part de son inquiétude.
Condamné en 2005 au Royaume-Uni pour escroquerie
Selon les enquêteurs, il s’agit de Robert Hendy-Freegard, un Britannique de 51 ans connu des services de police en Grande-Bretagne pour d'importants faits d'escroquerie en série. Grâce à ses arnaques, il aurait détourné plus d’un million de livres sterling. Dans les années 90, "il a prétendu être un agent du MI5, l'équivalent britannique de la DGSI en France. Il allait voir des étudiants, essentiellement des femmes, en leur disant qu'elles étaient menacées par l'IRA, les terroristes de l'armée républicaine irlandaise, et qu'il fallait qu'elles se coupent de toute leur famille, a raconté à France 3 Limousin Adam Sage, un correspondant à Paris du "Times". Il arrivait à avoir un contrôle presque total sur leur vie." Condamné en 2005, il est ressorti libre en 2009 selon le Times, et s’est installé quelques années plus tard en France.
Sa compagne est recherchée par ses enfants depuis sept ans
Toujours selon la maire de la commune, la compagne du suspect vivait recluse dans la maison. La situation de cette femme "qui n'est pas sortie de chez elle depuis sept ans", inquiétait toute la commune. "Quand on voulait lui parler, elle tendait un téléphone au-dessus de la barrière. Il y avait un seul numéro, celui de son époux. On peut imaginer ses conditions de vie, vous imaginez le bruit et l'odeur des chiens". D'après l'édile, les enfants de la compagne du suspect auraient réussi à retrouver leur mère. Sa fille serait arrivée en février dernier mais n'aurait pas réussi à la ramener en Angleterre. Son fils serait lui arrivé ce "mardi soir" et aurait réussi à convaincre sa mère de partir, après avoir trouvé une solution pour emmener les 26 beagles jusqu'en Grande-Bretagne.
Au cœur d'un documentaire Netflix
Le Britannique a fait l'objet du documentaire Netflix The Puppet Master : Leçons de manipulation, sorti en janvier dernier. Réalisés par Sam Benstead et Gareth Johnson, les trois épisodes de la série racontent la traque d’un "cruel arnaqueur déguisé en espion britannique", qui "manipule et vole ses victimes, laissant des familles ruinées dans son sillage". Deux frère et soeur racontent, entre autres, comment leur mère a été manipulée par Robert Hendy-Freegard (qui se faisait appeler David), à partir de 2012. L'arnaqueur avait déjà été condamné à la perpétuité en 2005, pour "pléthore de délits", rapporte The Guardian : enlèvement, vol et tromperie. Il a été blanchi en appel deux ans plus tard pour les faits d’enlèvement et libéré, selon le quotidien britannique. L'identité de sa compagne coïncide également avec la femme du documentaire.