Motion de censure contre Élisabeth Borne : premier vote pour l'Assemblée nationale
Un agenda déjà bousculé à l'Assemblée : les députés débattent lundi de la motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement, avant de se plonger dans un texte sanitaire à la portée limitée mais qui promet des débats animés dans l'hémicycle.
Premier test pour Élisabeth Borne : la motion de censure de gauche contre son gouvernement va être mise au vote, lundi 11 juillet, sans espoir toutefois d'être adoptée.
Discutée dans l'hémicycle à partir de 16 h, la motion de censure défendue par la coalition de gauche Nupes n'a quasiment aucune chance d'aboutir, faute de soutien des groupes Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR). Mais la cheffe de file des députés La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, espère en faire une démonstration de "défiance" à l'égard d'Élisabeth Borne, qui n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, et n'a pas sollicité de vote de confiance le 7 juillet lors de sa déclaration de politique générale.
"Jamais nous n'accepterons que quiconque exerce le pouvoir dans le pays avec pour seule légitimité le fait qu'elle ait été désignée par le président de la République", a expliqué lundi son collègue Alexis Corbière sur Public Sénat.
"Vous allez chercher à censurer un gouvernement qui commence son travail", dénonce de son côté Élisabeth Borne.
"L'objectif de Jean-Luc Mélenchon, c'est de faire perdre du temps à l'Assemblée nationale", a déploré lundi sur Cnews la patronne des députés Renaissance Aurore Bergé, qui voit cependant "une vertu à cette motion de censure" : "c'est qu'elle va définitivement démontrer que la Nupes est clairement une minorité à l'Assemblée nationale, une minorité qui souhaite bloquer, une minorité qui vocifère, qui veut empêcher la Première ministre de s'exprimer, mais une minorité".
Une majorité absolue impossible à atteindre pour la seule Nupes
LFI s'exprimera en premier, avant l'intervention de la Première ministre puis des autres groupes pour un débat de deux heures et demie. La gauche pourrait à cette occasion se faire l'écho des révélations du journal Le Monde sur les liens privilégiés entre Emmanuel Macron lorsqu'il était ministre de l'Économie et la société Uber. C'est un "pillage du pays", pour Mathilde Panot.
Seuls les députés favorables à la motion participeront au vote. Pour faire tomber le gouvernement, il faudrait une majorité absolue de 289 voix, impossible à atteindre pour les seuls Nupes (LFI, Parti socialiste, écologistes, Parti communiste), qui sont 151 au total. De plus, le socialiste Dominique Potier n'a pas signé le texte et il n’est pas certain que tous les signataires soient présents.
Marine Le Pen a redit dimanche que son groupe RN, en pleine quête de respectabilité, ne soutenait pas la motion : "La Nupes ne défend pas l'intérêt des Français, ce qu'ils veulent c'est faire sauter la République."
Les députés examineront dans la foulée le projet de loi sur la sécurité sanitaire et ses "mesures de freinage" face au regain de Covid-19. Ce texte vise à proroger des dispositifs de collecte de données de santé (tests Covid, vaccination) et mettre en place un passe sanitaire aux frontières si la situation sanitaire l'exigeait.
Les députés ont unanimement réduit en commission les délais d'autorisation de ces mesures, jusqu'au 31 janvier plutôt que fin mars, une "co-construction" saluée par LR et la majorité. Mais les élus RN ou certains élus Nupes contestent l'ensemble du projet de loi et entendent faire le procès de la politique sanitaire menée.
Avec AFP