Mort de Nahel à Nanterre : "Un crime raciste ?"
À la une de la presse, ce mercredi 5 juillet, l’ouverture d’une enquête, à Marseille, où un homme est mort après avoir été touché par un "probable" tir de "type flash-ball". Le Monde a publié une enquête sur un jeune homme actuellement dans le coma, après avoir peut-être été touché par un "bean bag", une munition du RAID. Les tensions et les manifestations à Sfax, en Tunisie, après le meurtre d'un habitant par un migrant. Et des nouvelles de la lutte contre le réchauffement climatique.
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À la une de la presse, l’ouverture d’une enquête, à Marseille, où un homme est mort, dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir été touché par un "probable" tir de "type flash-ball". D'après La Marseillaise, la victime est un jeune homme de 27 ans, dont le décès a été causé par "un choc violent au niveau du thorax". Une enquête pour "coups mortels avec usage ou menace d’une arme" a été ouverte, et l’IGPN, la police des polices, a été saisie. Selon La Provence, le fait se sont déroulés en plein centre-ville de Marseille, où des émeutes ont éclaté après la mort de Nahel, alors que la victime circulait en scooter.
Aimène Bahouh, 25 ans, se trouve, lui, dans le coma, après avoir été touché à la tête par un "bean bag", une munition qui pourrait avoir été tirée par des membres du RAID, selon ses proches, interrogés par Le Monde. Les faits se sont déroulés, le 30 juin, à Mont-Saint-Martin, dans l'est de la France, alors qu'Aimène circulait en voiture. Le Monde annonce qu'une enquête pour "fait de violence volontaire", a, là encore, été confiée à l’IGPN.
Ce deux affaires vont probablement nourrir les accusations sur les "violences policières" qui ont largement dominé les questions au gouvernement, hier, à l’Assemblée. Face aux émeutes, la droite et l’extrême droite rivalisent, elles, d’appels à la fermeté, mais la réponse d’Emmanuel Macron "peine à émerger", selon L'Opinion, qui s’inquiète de voir le Rassemblement national rafler la mise après les émeutes - d’où le dessin de Kak montrant Marine Le Pen empochant le jackpot.
La patronne du RN, qu'on retrouve à la une de L'Humanité associée aux "vautours" de l’extrême droite qui espèrent tirer profit du "climat délétère", selon L'Huma. Une hypothèse évoquée aussi dans un dessin d’Amjad Rassmi, pour le quotidien panarabe de Londres Asharq al-Awsat, qui montre l’extrême droite à la pêche aux voix dans la rivière des "troubles".
Plusieurs quotidiens de la presse arabe relaient la thèse d’un "crime raciste" pour évoquer la mort du jeune Nahel. Pour al-Arab, autre journal panarabe de Londres, le meurtre de "l'adolescent français d'origine algérienne Nahel Marzouk résulte d’une crise sociale profonde", elle-même liée à des "politiques favorisant les Français dits de souche et marginalisant des millions d’habitants de banlieue, des immigrés originaires de diverses nationalités maghrébines et africaines".
Menacé de se retrouver débordé sur sa droite, le gouvernement doit répondre, "en même temps", aux accusations de racisme au sein de la police. Dans un entretien au Daily Telegraph, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire martèle que ces accusations sont "inacceptables". Le racisme, dont il est justement question dans le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, cité par Mediapart. Ce document alerte sur "la haine de l'Autre" et sur les discours politiques ou médiatiques prompts à faire de l’étranger ou des immigrés "la cause de tous les maux", et déplore des préjugés toujours trop partagés, en France.
Le fléau du racisme touche aussi la Tunisie, où l’émotion est toujours très vive à Sfax, après la mort, le week-end dernier, d'un habitant, poignardé par un Subsaharien. Le Temps tunisien fait état de "manifestations" et de "vagues de colère" pour "endiguer la déferlante subsaharienne" - un appel adressé directement au président Kaïs Saïed, dont les propos sur le "grand remplacement" semblent avoir libéré la parole raciste. Cette parole s’étale même, parfois, à la une de la presse tunisienne - comme en témoigne le magazine Maghreb Street, qui annonce que "l’avancée des Africains atteint un niveau dangereux" en Tunisie. Les migrants sont-ils devenus les boucs-émissaires d’une colère qui en réalité les dépasse, et dépasse la seule ville de Sfax ? Le site tunisien Business News fait état de tensions grandissantes également à Redeyef, une ville minière au sud-ouest de la Tunisie, dont les habitants souffrent du manque d’eau et de nombreuses pénuries, de pain et de médicaments, notamment, tout comme "le reste des régions tunisiennes", selon le site.
Dans la presse, également, le passage à tabac, hier, en Tchétchénie, d’Elena Milachina, une journaliste russe, spécialiste des droits humains. La journaliste du quotidien d’opposition Novaïa Gazeta, bête noire du patron de la Tchétchénie Ramzan Kadyrov, a été rapatriée dès hier soir - comme en témoigne la photo publiée par son journal. Il publie une photo de la journaliste gravement blessée - le visage aspergé de peinture verte et les cheveux rasés par ses agresseurs - dans l’avion qui l’a ramenée à Moscou, aux côtés de son rédacteur en chef, le prix Nobel de la paix Dmitri Muratov.
On ne se quitte pas là-dessus. On a évoqué hier la remise en question de plus en plus fréquente du Pacte vert de l’UE - une mauvaise nouvelle pour le climat, tout comme cette info du Guardian, qui révèle que le Premier ministre britannique Rishi Sunak pourrait revenir sur son engagement d’investir près de 11 milliards de livres pour lutter contre le réchauffement climatique. La maison brûle, et pendant ce temps, la ville de New York tente de réduire ses émissions de carbone en demandant à ses célèbres pizzerias au feu de bois ou au charbon d’installer des filtres dans leurs cuisines pour réduire l’émission de particules nocives. Une décision qui provoque des débats enflammés outre-Atlantique, où Elon Musk et le climato-sceptique Donald Trump n’ont pas manqué de dire tout le mal qu’ils pensent de l’initiative, selon le site australien Dmarge. Les Etats-Unis, où The New York Times se saisit d’un autre débat brûlant: peut-on décemment porter des leggins de yoga dans d’autres circonstances que le yoga ? La réponse est non, bien évidemment.
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