Mondial-2022 : la Mannschaft et la Norvège mobilisées pour les droits de l'Homme au Qatar
Avant leur match face à l'Islande, les Allemands se sont tenus côte à côte, chacun portant un T-shirt noir floqué d'une grande lettre blanche : les onze lettres formaient les mots "HUMAN RIGHTS".
Les sélections nationales se mobilisent pour réclamer le respect des droits de l'Homme sur les chantiers de construction en vue du Mondial-2022 au Qatar. Après l'action de la Norvège mercredi et celle de l'Allemagne jeudi, les Pays-Bas doivent également envoyer un message ce samedi.
La mobilisation pour le respect des droits de l’Homme au Qatar prend de l’ampleur sur les terrains de football. Si la sélection de Norvège a donné le coup d'envoi de la mobilisation mercredi, l'Allemagne lui a emboîté le pas jeudi 25 mars et les Pays-Bas préparent une action pour leur match face à la Lettonie. Des actions que la Fifa a décidé de ne pas sanctionner.
Lors d'une conférence de presse, Matthijs de Ligt, défenseur néerlandais à la Juventus Turin a annoncé que les Pays-Bas allaient envoyer un message sur la situation au Qatar lors de leur match :
"Je peux vous donner un petit scoop : nous prévoyons de faire quelque chose, a confirmé le défenseur central de la Juventus. Je ne peux pas encore dire ce que c'est, vous le verrez demain [samedi]. Mais il va certainement y avoir quelque chose. Nous en avons parlé dans notre groupe de discussion sur WhatsApp", a-t-il expliqué vendredi 26 mars. "Tout le monde lit et entend parler de la situation là-bas, même lorsque nous sommes concentrés sur nos clubs. C'est un sujet d'actualité, alors quand il se passe des choses, ou quand nous entendons des histoires sur le Qatar dans les médias, nous commençons à en parler et à discuter. Nous voulions faire la meilleure chose pour cette équipe, mais aussi la meilleure chose à montrer au monde extérieur."
Une action confirmée par son sélectionneur Frank de Boer.
La Norvège avait donné le ton
Jeudi, au moment de s'aligner pour écouter les hymnes nationaux, les joueurs allemands, opposés à l'Islande, se sont tenus côte à côte, chacun portant un T-shirt noir floqué d'une grande lettre blanche : les onze lettres formaient les mots "HUMAN RIGHTS" (droits humains en anglais).
"Nous voulions montrer clairement à l'opinion que nous n'ignorons pas cela", a déclaré après le match, conclu par une victoire 3 à 0, le milieu de terrain allemand Leon Goretzka. "Nous avons nous-mêmes tracé les lettres sur nos T-shirts, nous avons une large audience et nous pouvons formidablement l'utiliser pour envoyer des signaux en faveur des valeurs que nous défendons."
Ce geste a été salué par le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seiffert, pour qui il s'agissait "d'une bonne action". "Il est bon de rappeler à nouveau les valeurs de notre démocratie libérale, à une époque où la démocratie n'est pas nécessairement en hausse dans le monde entier", a-t-il expliqué.
Mercredi, l'équipe de Norvège avait organisé une action similaire avant son match de qualification à Gibraltar (0-3), en portant avant le match des T-shirts proclamant : "Droits humains sur et hors du terrain".
Le sélectionneur norvégien Staale Solbakken avait justifié l'initiative en affirmant : "Il s'agit de faire pression sur la Fifa pour qu'elle soit encore plus directe, encore plus ferme à l'égard des autorités au Qatar, qu'elle leur impose des exigences plus strictes".
Lors d'une conférence de presse mercredi, il a félicité l'équipe allemande pour son geste : "C'est bien que la Mannschaft nous suive. C'est vraiment une des grandes équipes qui emboîte le pas. Je ne sais pas combien de personnes ont regardé l'Allemagne jouer son premier match de qualification au Mondial, mais c'est sans doute 10-12 millions. Ça fait de l'effet".
Il a par ailleurs indiqué que son équipe prévoyait un nouveau geste de ce type en marge de son match contre la Turquie prévu samedi.
La Fifa n'a pas sanctionné
Dans les deux cas, la Fifa n'a pas souhaité sanctionner ces gestes, alors qu'en règle générale la fédération internationale interdit les déclarations politiques dans le cadre des rencontres
"La Fifa croit en la liberté d'expression et au pouvoir du football pour susciter des changements positifs", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
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Ces actions interviennent peu après la publication très commentée d'un article du quotidien britannique The Guardian qui affirmait que 6 500 ouvriers étaient morts dans le pays depuis l'attribution de la compétition au Qatar en 2010. Des chiffres que le Qatar conteste.
Le Qatar est sous le feu de critiques d'organisations de défense des droits humains pour son traitement des travailleurs migrants, dont beaucoup viennent d'Inde ou du sous-continent indien.
Avec AFP