Mineur tué par un tir policier à Nanterre : nouvelle nuit de violences dans plusieurs villes
Pour la deuxième nuit consécutive, des affrontements et des incidents ont eu lieu, mercredi soir, dans plusieurs villes de France, en réaction à la mort du jeune Nahel, tué par la police à Nanterre. Une dizaine de personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police.
Un pompier en train d'éteindre une voiture incendiée à Nanterre, après la mort de Nahel, mercredi 28 juin 2023.
Les tensions ne se sont pas apaisées au lendemain de la mort à Nanterre de Nahel, adolescent de 17 ans tué par un policier après un refus d'obtempérer. Des affrontements et des dégradations ont émaillé la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 juin dans de nombreuses communes de banlieue parisienne et d'autres villes de France.
Plutôt calme jusqu'à 23 h, la situation a commencé ensuite à se tendre à Nanterre dans le quartier du Vieux-Pont, théâtre d'affrontements entre habitants et forces de l'ordre la nuit dernière. Au moins trois véhicules et des poubelles ont été incendiés, et des barrières ont été placées sur la route, ont constaté des journalistes de l'AFP. Sur la façade d'un immeuble, les murs ont été taggués des mots "Justice pour Nahel" et "Police tue".
De nombreux incidents ont furtivement eu lieu dans des communes des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis, avec des tirs de fusées d'artifices nourris, des véhicules ainsi que des poubelles incendiés.
La préfecture de police a fait état de 16 interpellations peu après minuit.
Dans l'Essonne, un groupe de personnes a mis le feu à un bus vers 21 h après avoir fait descendre les passagers à Viry-Châtillon, a rapporté une source policière.
Des heurts ont aussi éclaté peu après 20 h dans le quartier du Mirail à Toulouse, où plusieurs véhicules ont été incendiés et des policiers et pompiers ont reçus des jets de projectiles, selon une source policière. D'épaisses fumées noires se dégageaient du secteur, a pu constater un journaliste de l'AFP, en raison notamment d'un fourgon en feu.
Dans plusieurs quartiers de Dijon, les autorités ont fait état de containers de poubelles incendiés et de tirs de fusées d'artifice, "en l'air à ce stade".
Mobilisation massive des forces de l'ordre
Dans la journée à Nanterre, le calme était revenu dans la cité Pablo Picasso, même si le quartier portait encore les stigmates des heurts de la nuit de mardi à mercredi, avec quelques carcasses de voitures brûlées et du mobilier urbain détérioré.
"Plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d'importantes et inacceptables dégradations parfois irrémédiables", a déploré la mairie, appelant à arrêter "cette spirale destructrice".
Dans la nuit de mardi à mercredi, 31 personnes ont été interpellées en France, 24 membres des forces de l'ordre blessés légèrement et une quarantaine de voitures brûlées, selon le ministère de l'Intérieur.
Gérald Darmanin avait annoncé la mobilisation pour la soirée de mercredi de 2 000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne, 800 de plus que la nuit passée.
Le policier interrogé
Le drame qui a coûté mardi matin la vie à Nahel, jeune habitant de Nanterre âgé de 17 ans, a continué de susciter un flot nourri de commentaires politiques mercredi. Les appels au calme ont fusé de toutes parts, et les pouvoirs publics ont multiplié les prises de parole pour éviter un embrasement.
Le drame s'est produit à proximité de la station de RER Nanterre-Préfecture, à la suite d'un contrôle routier. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux a montré qu'un des deux policiers intervenus tenait le jeune conducteur en joue, puis qu'il a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. Dans la vidéo, on entend "tu vas te prendre une balle dans la tête", sans que l'on puisse attribuer cette phrase à quelqu'un en particulier. Nahel est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l'enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Sa garde à vue a été prolongée mercredi dans "la perspective d'une ouverture d'information judiciaire envisagée demain (jeudi, NDLR)", a indiqué le parquet en fin de journée.
Avec AFP