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Marches en France contre les violences policières, le rassemblement pour Adama Traoré interdit

Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche ont appelé, samedi, à des "marches citoyennes" contre les violences policières après la mort de Nahel. À Paris, le rassemblement prévu en mémoire d'Adama Traoré, mort en 2016, a été interdit par la Préfecture de police.  Assa Traoré s'exprime lors de la marche blanche organisée à Nanterre après la mort de Nahel tué par un policier, le 29 juin 2023. Vers une nouvelle journée de tensions en France ? Des "marches citoyennes" contre les violences policières vont avoir lieu, samedi 8 juillet, dans plusieurs villes françaises, mais la Préfecture de police a interdit un rassemblement à Paris en mémoire d'Adama Traoré. Assa Traoré, sœur d'Adama et figure du combat contre les violences policières, avait indiqué qu'elle serait présente "samedi à 15 h place de la République", après l'interdiction de la marche prévue à Persan et Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d'Oise, en mémoire de son frère décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.  Cette annonce avait été rapidement relayée par des militants de gauche et des députés de la France insoumise, mais Assa Traoré n'avait toutefois pas directement appelé ses soutiens à la rejoindre, ce qui aurait pu être assimilé à l'organisation d'une manifestation sauvage, donc illégale. Dans son arrêté mis en ligne peu après 10h30, la préfecture de police justifie l'interdiction d'"un rassemblement non déclaré présentant des risques de troubles à l'ordre public".  "Contexte d'émeutes" L'arrêté, signé par le préfet de police Laurent Nunez, rappelle le "contexte tendu" et les "cinq nuits consécutives" de violences urbaines en région parisienne et dans la capitale, après le décès de Nahel M., 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre. La préfecture de police reprend ainsi les mêmes arguments qui ont motivé la décision d'interdiction prise jeudi par le préfet du Val-d'Oise et confirmée vendredi soir par la justice administrative pour la marche à Persan et Beaumont-sur-Oise. Les juges des référés avaient motivé leur décision par "le contexte des émeutes qui ont suivi le décès de Nahel". Ces derniers "ont estimé que, bien que les violences aient diminué ces derniers jours, leur caractère extrêmement récent ne permet de présumer que tout risque de trouble à l'ordre public ait disparu", avait fait valoir le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. La préfecture avait demandé "aux organisateurs de bien vouloir respecter cette décision de justice et d'appeler publiquement à ne pas se rendre sur les lieux". "Les gens sont en colère" Dans un message vidéo diffusé sur Twitter, Assa Traoré a confirmé qu'"il n'y aura pas de marche (samedi) à Beaumont-sur-Oise". "Le gouvernement a décidé de mettre de l'huile sur le feu" et "de ne pas respecter la mort de mon petit frère", a-t-elle accusé, évoquant "un manque de respect total" et qualifiant de "prétexte" l'argument brandi par le préfet d'une pénurie de forces de l'ordre pour sécuriser le cortège. "Ces marches se sont toujours déroulées dans le calme. C'est justement le fait de l'interdire qui peut faire qu'il y a des tensions, car les gens sont en colère, il faut le comprendre", a commenté sur BFMTV le député LFI de l'Essonne, Antoine Léaument, précisant ensuite dans un tweet qu'il se rendrait place de la République. Une trentaine d'autres manifestations contre les violences policières ont été répertoriées en France sur une carte en ligne, de Lille à Marseille et de Nantes à Strasbourg. Des marches empreintes de "deuil et de colère"  Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces "marches citoyennes", pour exprimer "deuil et colère" et dénoncer des politiques jugées "discriminatoires" contre les quartiers populaires. Ces organisations, mobilisées "pour le maintien des libertés publiques et individuelles", demandent "une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement". Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué, vendredi, des organisations dont "la seule proposition", selon lui, est "d'appeler à manifester (...) samedi dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages". Il a particulièrement pointé la responsabilité des élus, dont ceux de la France insoumise, qui avaient appelé à se joindre à la marche interdite de Beaumont, les accusant de sortir "de l'arc républicain". La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi - sans précédent depuis 2005 - ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l'ordre. Depuis le 27 juin, plus de 3 700 personnes ont été placées en garde à vue en lien avec ces émeutes, dont quelque 1 160 mineurs, selon des chiffres de la Chancellerie, qui a fait état vendredi de près de 400 incarcérations. Avec AFP

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